22 août 1911, la France est sous le choc. La célèbre Joconde de Léonard de Vinci, tableau incontournable du musée du Louvre, a disparu. Retour sur cet épisode insolite qui a fait les gros titres des journaux de l’époque, et la renommée de Vincenzo Peruggia, son voleur.

LA JOCONDE EST INTROUVABLE

Nous sommes le mardi 22 août 1911. Les peintres Louis Béroud et Auguste Laguillermie venus réaliser des copies de la Joconde sont sous le choc : la célèbre italienne a purement et simplement disparu.

Les deux hommes alertent les gardiens, qui pensent d’abord que la tableau a été déplacé dans les locaux de la maison Braun & Cie pour y être photographié. Ils doivent cependant rapidement se rendre à l’évidence : le tableau de De Vinci a été volé.

Photographie de l’emplacement du tableau dérobé

Le Quai des Orfèvres est en pleine ébullition, et pas moins de soixante inspecteurs sont dépêchés sur les les lieux du crime en milieu de journée. Ces derniers parviennent finalement à mettre la main sur le cadre et la vitre de l’incontournable tableau, mais aucune trace de la toile.

Le criminologue Alphonse Bertillon relève une empreinte digitale sur la vitre qui protégeait Mona Lisa et la compare à celles de 257 employés du Louvre… en vain. Le voleur court toujours, et Théophile Homolle, alors directeur du musée, est contraint à la démission.

LES INTERROGATOIRES NE DONNENT RIEN ET LE DIRECTEUR DU LOUVRE DÉMISSIONNE

La nouvelle se répand comme une trainée de poudre et ne tarde pas à faire la une des journaux : la France est sous le choc. Les théories les plus folles circulent et de nombreuses pistes sont envisagées : on parle même d’un complot juif ou d’un méfait perpétré par l’espion du Kaiser Guillaume II.

Le poète Guillaume Apollinaire

Joseph-Marie Drioux, juge d’instruction chargé de l’affaire, va même emprisonner quelques jours le poète Guillaume Apollinaire, après que son ancien secrétaire ait prétendu avoir dérobé la Joconde avant de réclamer une rançon de 150.000 francs.

Pablo Picasso, lui aussi soupçonné d’avoir participé au méfait, est longuement interrogé par les enquêteurs, mais ces longues séances ne donnent rien et ne font qu’attiser la colère du milieu intellectuel parisien. Le vol de la Joconde devient une affaire d’état qui fascine les français.

De fortes récompenses sont promises à celui qui rapportera le portrait de Mona Lisa. La Société des amis du Louvre offre 25.000 francs, et la revue l’Illustration 40.000 francs… en vain. la France doit se rendre à l’évidence, son joyau a bel et bien disparu, et se trouve probablement déjà loin.

Vincenzo Peruggia, le voleur de la Joconde

La Joconde se trouve en réalité à Paris, et elle va rester cachée pendant deux ans dans l’appartement miteux du vitrier italien Vincenzo Peruggia, situé rue de l’Hôpital Saint-Louis dans le 10e arrondissement.

Peruggia, qui a travaillé au Louvre et a été chargé de mettre la toile de Léonard de Vinci sous verre, connait bien les couloirs du musée. Il profite de la fermeture des lieux le 21 août 1911 pour dérober Mona Lisa en la dissimulant sous sa blouse.

IL NE FOUILLE PAS LA CHAMBRE QUI ABRITE LE TABLEAU

Le 29 septembre 1911, l’inspecteur Brunet se rend à son domicile pour l’interroger, mais l’état de délabrement des lieux lui fait penser qu’un tel vol ne peut être l’œuvre d’un modeste ouvrier. Il ne fouille pas la chambre, qui abrite pourtant l’incontournable tableau.

Peruggia va finalement se trahir en tentant de revendre la toile à Alfredo Geri, un antiquaire florentin, en 1913. Lorsque Geri constate que le tableau est authentique, il prévient rapidement la police qui arrête le malfrat à son hôtel.

Après avoir fait le tour de l’Italie, la Joconde est finalement restituée au Louvre le 4 janvier 1914, et bénéficie désormais d’une surveillance renforcée.

Lors de son procès, Peruggia déclare avoir agi par pur patriotisme, prétextant avoir été persuadé que la Joconde avait été dérobée à sa patrie par Napoléon Bonaparte. Il devient pour de nombreux italiens une figure emblématique, et n’écope finalement que d’un an de prison. Il ne passera en réalité que 7 mois derrière les barreaux avant d’être relâché.

la célèbre toile de De Vinci exposée à Florence en 1913

Voleur pathétique pour certains, patriote émérite pour d’autres, Vincenzo Peruggia est devenu une figure historique, et restera à jamais le modeste vitrier italien qui déroba la Joconde et se joua des autorités françaises durant plus de deux ans. Dans le même genre, découvrez aussi Deacon Brodie, ce voleur écossais qui inspira le mythe de Jekyll et Hyde.

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