Ruptures de stocks : ces cinq médicaments (quasi) introuvables

Publié le 2 octobre 2018 à 15h45
Ruptures de stocks : ces cinq médicaments (quasi) introuvables

FOCUS - Un rapport parlementaire rendu public ce mardi propose 30 pistes pour remédier à l'inquiétante augmentation des pénuries de médicaments et vaccins. Et pour cause : certains sont utilisés dans le traitement du cancer, de l'épilepsie ou encore de la maladie de Parkinson. En voici 5 dont les ruptures de stock sont particulièrement problématiques.

Pour les trouver, il faut parfois faire trois, quatre ou cinq pharmacies différentes. Plusieurs traitements - médicaments, vaccins - sont en rupture de stock en France. Et le phénomène ne fait que s'amplifier. 530 substances ont été - un temps - indisponibles dans l'Hexagone en 2017, soit dix fois plus qu’il y a dix ans,. Tel est le constat sans appel réalisé par un rapport sénatorial rendu public ce mardi. Il  propose 30 pistes pour  endiguer les ruptures de stocks. LCI s'attarde sur cinq cas éloquents.

L’anti-parkinsonien Sinemet

Hasard du calendrier, au moment où la mission d'information sénatoriale dédiée à la pénurie de médicaments, achevait son rapport, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) annonçait une indisponibilité de l’anti-parkinsonien Sinemet®, qui pourrait se prolonger jusqu’à la fin du premier semestre 2019. Sur les 200.000 personnes souffrant de la maladie de Parkinson en France,  45.000 patients seraient concernés. Le traitement, à base de Lévodopa, consiste à compenser le déficit de dopamine dans le cerveau, symptomatique de la maladie, pour atténuer les lenteurs, raideurs et tremblements. En prévisions de la pénurie annoncée, l’ANSM recommande aux malades de consulter leur médecin afin de trouver un traitement de substitution, le sevrage de Lévodopa pouvant s’avérer dangereux. 

D'"intérêt thérapeutique majeur" d'après l’arrêté adopté en 2016 pour éviter les risques de pénurie, ce traitement phare dans la prise en charge des malades de Parkinson, n’est plus disponible au dosage 250 mg depuis fin août, et ses deux autres formes (100 mg et 200 mg à libération prolongée) ne seront prochainement plus livrées dans les pharmacies. Le laboratoire MSD, qui invoque des "difficultés de production" ne prévoit pas de réapprovisionnement avant le printemps prochain.

L'anticancéreux Ametycine

C'est en mars dernier, quelques jours après que l'agence de sécurité du médicament (ANSM) ait tiré la sonnette d'alarme sur les ruptures de stock des vaccins et médicaments, que la sénatrice de la Haute-Garonne Brigitte Micouleau attirait l'attention d'Agnès Buzyn sur la pénurie d'Ametycine. Cet antibiotique anticancéreux est utilisé pour traiter le cancer de la vessie. Or, depuis que le laboratoire Sanofi a cessé de produire et de commercialiser l'Ametycine au niveau mondial, le laboratoire japonais Kyowa Kirin Pharma est autorisé à importer en France un produit destiné initialement au marché britannique, le Mytomycin-C. Mais des ruptures d'approvisionnement sont apparues ces derniers mois, compromettant la réalisation de protocoles de soins établis. 

Le risque dans ce cas ? Devoir soumettre les patients à une cystectomie (ablation de la vessie qui se double de celle de la prostate chez les hommes), une intervention lourde financièrement, mais aussi humainement.  À cette pénurie, s'ajoutait simultanément le risque de devoir faire face à une nouvelle rupture d'approvisionnement du BCG intravésical, également utilisé dans le traitement des cancers de la vessie. A l'origine de cette crainte, l'expiration en mars 2019 de l'autorisation de mise sur le marché du médicament produit par le laboratoire MSD en remplacement de celui produit auparavant par le laboratoire Sanofi. A titre d'information, le cancer de la vessie touche entre 12 000 et 14 000 nouvelles personnes chaque année en France.

L'antiépileptique Di-Hydan

Il aura fallu attendre mars 2017 pour que le Di-Hydan®, indiquée dans le traitement de certaines formes d’épilepsie chez l’enfant et l’adulte, et frappé depuis 2012 par des pénuries multiples, soit remis sur le marché. Introuvable dans les officines à compter de 2014, il avait été remplacé à titre exceptionnel par un médicament équivalent, le Diphantoïne, initialement destiné au marché belge, et dont l'importation avait été autorisée par les pouvoirs publics. 

Près de 600 000 personnes seraient affectées par l’épilepsie en France. 

L'antibiotique amoxicilline

Confrontée à de fréquentes tensions d'approvisionnement entre 2014 et 2018,  l'amoxicilline, et notamment la combinaison amoxicilline/acide clavulanique, sous forme de poudre pour solution injectable, a temporairement été importée du Liban ces derniers mois. Largement utilisé à l’hôpital, l'antibiotique est destiné selon l’ANSM, aux "germes reconnus sensibles" ou quand plusieurs espèces bactériennes sont soupçonnées être à l'origine de l’infection. Mais l’amoxicilline/acide clavulanique est aussi administrée à titre préventif, notamment après certaines intervention chirurgicales, afin d’éviter des infections post-opératoires.

Le vaccin contre l'hépatite B

En 2017, la pénurie de vaccins contre l'hépatite B avait poussé à actualiser les recommandations concernant les personnes à vacciner en priorité, à savoir les populations à risque élevé d'exposition, comme les professionnels de santé et les étudiants du secteur. En l’occurrence, la pénurie concernait uniquement les adultes, et non pas les vaccins pédiatriques et ne modifiait donc pas la recommandation vaccinale des nourrissons (vaccination universelle contre l'hépatite B) et celle des adolescents (vaccination de rattrapage). Dans ce cas, il aura fallu attendre près d'un an, jusqu'en février 2018 pour que la Direction générale de la santé annonce la la fin de la pénurie en vaccin monovalent adulte contre l'hépatite B ENGERIX B 20 et HBVAXPRO 10 µg.


La rédaction de TF1info

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