Le Raincy : victime d’homophobie, il est contraint de quitter le lycée privé

Scolarisé dans un établissement privé catholique, un jeune homme victime d’homophobie a porté plainte contre quatre de ses anciens camarades. Son histoire a été évoquée mardi à l’Assemblée.

 Paris, ce mardi. Hugo a porté plainte contre ses quatre agresseurs présumés.
Paris, ce mardi. Hugo a porté plainte contre ses quatre agresseurs présumés. LP/H.H.

    Il y a d'abord eu les questions indiscrètes « t'es gay ? » auxquelles Hugo*, alors élève en troisième professionnelle au lycée privé catholique sous contrat Jeanne La Lorraine au Raincy, a répondu... « parce qu'il n'allait pas cacher la vérité ».

    Puis les insultes « sale PD », proférées dans la cour et sur les réseaux sociaux. S'y sont ajoutées les propositions indécentes qu'Hugo relate à demi-mots : « Vous savez... des propositions sexuelles quoi ! » Sodomie, fellation... que des camarades lui lançaient pour le provoquer.

    L'histoire de ce jeune homme de 16 ans, qui a porté plainte contre ses quatre harceleurs présumés, est parvenue jusqu'aux oreilles du ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer, alors qu'il était auditionné mardi après-midi par la commission des affaires culturelles de l'Assemblée.

    « Comment ne pas être ému par un jeune qui, victime de brimades et de quolibets, a dû quitter son établissement scolaire ? », l'a interpellé Maxime Minot, député (LR) de l'Oise, qui avait eu connaissance de son histoire par l'association Urgence homophobie.

    « Même si des efforts sont faits pour lutter contre ce problème, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour faire évoluer les mentalités », a insisté le parlementaire, demandant au ministre de se saisir de ce sujet.

    La spirale du harcèlement

    Hugo, arrivé dans son ancien lycée en septembre 2017, a supporté ces harceleurs pendant plusieurs mois. « Certains professeurs étaient au courant vu qu'ils se moquaient de moi en cours. Mais ils ne le faisaient qu'avec les enseignants qui avaient des difficultés à imposer leur autorité et d'autres problèmes à gérer... »

    En mai, il décide enfin d'en parler à ses parents. « Je n'ai rien dit plus tôt, car mes harceleurs menaçaient de me casser la figure. Mais ce jour-là, ils avaient ouvert la porte alors que j'étais aux toilettes, c'était la goutte de trop. J'ai craqué. »

    Sa famille décide de porter plainte « pour harcèlement moral et propos à caractère homophobe » et prend rendez-vous avec la direction de l'établissement, mais le proviseur n'est pas présent. « Le CPE nous a garanti que les élèves ne seraient pas repris à la rentrée. Mais en septembre, deux étaient toujours là. »

    Pour éviter de revivre l'épisode des toilettes, Hugo se rend aux WC des filles. « Une surveillante m'y avait autorisé. Mais quand le directeur m'a vu en sortir, il m'a crié dessus. Il n'était apparemment pas au courant et m'a dit : Tu n'es pas une fille, tu ne vas pas dans les toilettes des filles ! »

    Sa famille sollicite un nouveau rendez-vous au proviseur et demande pourquoi les élèves mis en cause sont toujours présents. « Il est revenu sur la promesse de la CPE, a dit qu'il n'était pas au courant et que lui seul était habilité à prendre une telle décision », explique sa maman. La famille décide alors de changer d'établissement. Contactée, la direction du lycée Jeanne La Lorraine n'a pas souhaité commenter cette affaire.

    Depuis lundi, Hugo va en cours à Paris, où il se sent bien. « Par cet article, on ne veut pas pointer du doigt son ancien lycée, mais l'homophobie à l'école », insiste sa mère.

    L'adolescent travaille d'ailleurs sur un projet de documentaire contre l'homophobie en milieu scolaire, pour lequel il a notamment interviewé la présidente de la région Ile-de-France Valérie Pécresse (LR).

    Ce mardi à l'Assemblée, Jean-Michel Blanquer a rappelé qu'une nouvelle campagne de lutte contre le harcèlement scolaire serait lancée le 8 novembre.

    *Le prénom a été changé.