En marche: le silence des agneaux
En entendant le grand silence qui a saisi les troupes de En Marche ! après la démission de Gérard Collomb, on pouvait se dire, paraphrasant les savoureuses répliques de Michel Audiard : « C’est curieux, ce besoin chez les marcheurs de ... ne pas faire des phrases » ! Au plus fort de la crise gouvernementale, aucun Tonton flingueur ne s’est en effet porté sur le champ de bataille médiatique pour répliquer au feu nourri venant de tous les bords politiques. L’opposition avait la voie libre, le pouvoir était comme frappé de stupeur, muet. La majorité avait même pour consigne de ne pas commenter l’actualité : on lui avait distribué des « éléments de langage » pour dire... qu’il n’y en avait pas. Mieux, Gilles Le Gendre, le patron des députés LREM affirmait que « ce n’est pas au président du groupe En Marche ! à l’Assemblée de commenter » cette information. Surréaliste.
Dans le travail de reconstruction de son dispositif que doit urgemment entreprendre Emmanuel Macron, cet épisode au cours duquel les opposants ont été les seuls à se faire entendre lui crée une obligation : combler ce vide.
Ce ne sera pas simple. Après la sortie des principaux représentants du MoDem autour de François Bayrou, après la défection du héraut des écolos, Nicolas Hulot, après la démission de Gérard Collomb, sa plus belle et plus ancienne prise de guerre au PS, Emmanuel Macron, regardant son gouvernement, pourra faire un étrange constat : ses poids lourds les plus solides, les plus constants, les plus fiables et les plus politiques viennent tous des Républicains. A côté de la société civile, inégalement pourvue de sens politique, Edouard Philippe, Bruno Le Maire, Gérald Darmanin et leurs camarades issus de la droite sont les seuls à avoir à ce niveau-là l’expérience nécessaire. Dur constat sur ce que sont réellement La République en marche et son socle électoral
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