Sur le stand Suzuki

A l'image de cette hôtesse présente sur le stand Suzuki, les constructeurs automobiles ont décidé de laisser les looks sexy au garage pour cette édition 2018 du Mondial de l'auto.

Sébastien Pommier / L'Express

Fini les robes moulantes et les talons aiguilles. Pour les visiteurs du Mondial de l'auto, la surprise est de taille. Les constructeurs automobiles font désormais profil bas au moment de choisir l'uniforme de leurs hôtesses. "Nous avons deux tenues, une robe pour la soirée de gala mais surtout un uniforme plus sport pour les journées. Pour notre client, les talons c'est fini. On est passé aux baskets, détaille à L'Express Laurence Aoustin, la directrice du pôle Événementiel de l'agence Penelope qui s'occupe de toutes les manifestations du groupe Renault à l'année.

Publicité
mondial auto

Sur le stand Dacia du Mondial de l'auto 2018, les tenues sont identiques pour les filles et les garçons

© / Sébastien Pommier / L'Express

C'est peut-être un détail pour vous, mais pour elles ça veut dire beaucoup. Il y a encore deux ans, lors du dernier Mondial, la majorité des hôtesses finissait la journée en en ayant plein les pieds. Dès lors, cette édition 2018, marque déjà un tournant, "et même un soulagement" comme le confie l'une d'entre elle. "C'est beaucoup plus confortable et les gens viennent plus facilement vers nous pour nous demander des informations", poursuit une autre.

"Nous essayons d'arriver à la parité"

Cette nouvelle ligne de conduite est en tout cas partagée par la majorité des constructeurs présents cet automne. Que ce soit chez Renault, Alpine et Dacia donc, mais aussi Hyundai, Suzuki et PSA où les jeunes femmes sont d'ailleurs très peu nombreuses, exception faite du stand DS où elles arborent cette année une tenue noire complète, sobre, sport et chic. Même chez Ferrari, les tenues se font plus discrètes, quand bien même les escarpins sont toujours de sortie.

Faut-il y voir un effet #Metoo ? "Oui peut-être. Cela répond en tout cas à la volonté de notre client d'afficher une image un peu plus sport et moins apprêtée", avance Laurence Aoustin qui dispose d'un contrat de deux ans avec la marque au losange.

Salon de l'Auto

Sur le stand de Renault les hôtes et hôtesses invitent les visiteurs à un voyage temporel

© / Sébastien Pommier / L'Express

Signe des temps, les hommes occupent même davantage le devant de la scène. "Nous essayons d'arriver à la parité, mais ça reste une activité très féminine. On doit être sur deux tiers de femmes pour un tiers homme. Mais les marques poussent pour que l'on trouve des garçons", ajoute Laurence Aoustin.

Cette évolution n'empêche pas certains constructeurs de continuer à jouer encore à fond la carte du glamour, surtout les Italiens et les Allemands sur les segments haut de gamme. Il faut dire que dans les pavillons de la Porte de Versailles, les constructeurs jouissent toujours d'une grande liberté pour concevoir leurs espaces.

salon de l'auto 2018

Sur le stand du constructeur vietnamien VinFast, les photographes ont immortalisé la visite de Miss Vietnam 2018

© / Sébastien Pommier / L'Express

Prenez le dernier-né vietnamien, VinFast. Pour sa première à Paris, il a fait sensation mardi matin à l'ouverture des portes, se payant le luxe d'avoir le footballeur David Beckham au volant et deux mannequins, dont Miss Vietnam 2018, pour lesquels les photographes (surtout asiatiques) n'ont cessé de faire crépiter les flashes. Les deux top-modèles ont enchaîné les selfies, les photos à côté du capot et les interviews en direct sur les réseaux sociaux. Une parenthèse pour les nostalgiques des "hôtesses sexy", comme cette brochette de photographes visiblement ravis de ne pas en perdre une miette...

"Il n'y a pas de métiers réservés aux hommes"

Au-delà des hôtesses, la place des femmes dans l'industrie automobile est devenue un sujet majeur. Et pour témoigner de leur volonté d'ouvrir davantage la profession, ce jeudi soir, les organisateurs du salon ont voulu leur offrir une scène inédite, le Mondial Women. Sur le modèle des conférences Ted, où des personnalités viennent s'exprimer face à un public dans un exercice très formaté, douze femmes aux profils variés vont faire la promotion de leurs activités. Elles sont jeune apprentie dans la filière ou grande dirigeante d'un constructeur. Point commun, elles tentent de s'immiscer dans ce monde très masculin.

"Le but, c'est de valoriser l'idée qu'il n'y a pas de métiers réservés aux hommes, explique Béatrice Duboisset, la responsable du programme et l'une des chevilles ouvrières de l'empowerment féminin en France.

salon de l'auto

Sur le stand Hyundai, le dress code est très "racing"

© / Sébastien Pommier / L'Express

Parmi les oratrices figurera notamment Linda Jackson, la directrice générale de Citroën. Cette Britannique de 59 ans, qui a grandi à Coventry dans le berceau anglais de l'automobile, est l'une des rares femmes dirigeantes dans le secteur. C'est un pur produit du groupe Rover qu'elle a intégré pour un stage d'été alors qu'elle avait tout juste 17 ans. "Son oncle travaillait là-bas et lui a trouvé un poste à la comptabilité. Elle est restée dans le groupe pendant près de 30 ans, raconte Béatrice Duboisset qui a préparé les discours de toutes les intervenantes. L'enjeu de son message c'est de rappeler l'importance des stages de découverte et d'inspirer les jeunes filles".

Dans ce monde d'hommes, héritage d'une longue histoire industrielle, les constructeurs ont pris conscience qu'il fallait s'ouvrir davantage, "et ne pas réserver aux femmes les seuls métiers de la communication", plaide l'une d'entre elles. Car au-delà de l'évolution symbolique du rôle des hôtesses sur les stands, "dans ce milieu, quand on est une femme, il faut toujours prouver un peu plus que les autres", comme le rappelle une cadre dirigeante du secteur. Et comme il est toujours plus facile de courir en baskets qu'en talons, les femmes de l'automobile espèrent bien rattraper leur retard.

Publicité