Avec la géothermie, un métro moins gourmand en énergie ?

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C'est dès le lancement du projet de prolongement de la ligne 14 (au nord, de Saint-Lazare à Mairie de Saint-Ouen, au sud d'Olympiades à l'aéroport d'Orly) que la RATP « a envisagé les différentes possibilités offertes par la géothermie pour répondre aux besoins de chaleur et de refroidissement de [ses] stations ». Une première dans le métro parisien.

Deux scenarios sont alors envisageables : y capter l'énergie via des sondes géothermiques verticales ou le faire grâce à des fondations thermoactives. La première option sera écartée au profit de la seconde qui, elle, ne nécessite pas de forage ni gros travaux (le captage induisant de creuser jusqu'à 100 mètres de profondeur pour pomper l'eau du sol).

« Lors de la phase de conception des projets, plusieurs circonstances doivent être réunies pour que la géothermie puisse fonctionner », explique Sophie Mazoué, responsable de l'environnement à la  RATP. D'où l'intérêt de profiter de la construction du tunnel, en vue du prolongement de la « 14 », pour voir ce qu'il était possible de récupérer en termes de calories en fonction de la nappe phréatique. Une analyse à croiser avec les besoins en chauffage et en froid nécessaires à l'alimentation des deux stations en question.

Le but étant d'utiliser la chaleur du sol (autour de 12° en général) pour chauffer un circuit d'alimentation. « En fonction de la température ambiante, les boucles de captage géothermique transmettent de la chaleur depuis ou vers le sol, assurant la régulation climatique de la station », explique-t-on encore du côté de la Régie. Ces boucles, qui ne nécessitent que peu d'entretien, ont en plus l'avantage d'une durée de vie importante (cinquante ans).

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-50% de gaz à effets de serre

Le dispositif prend place dans les parois moulées des deux stations. Ces parois, qui peuvent descendre jusqu'à 45 mètres de profondeur, « sont en contact direct avec le sol et permettent ainsi de profiter de la chaleur naturelle qui y est présente », détaille Sophie Mazoué. Une pompe à chaleur alimente enfin le site.

« Le système est à la fois vertueux économiquement et écologiquement, puisque c'est autant d'énergie qu'on ne va pas chercher à travers les climatiseurs et parce qu'il contribue à réduire les gaz à effets de serre », poursuit-elle. Le captage de la géothermie permettrait ainsi de réduire de 50% les émissions de Co² sur la ligne 14.

A la station Porte de Clichy, les besoins annuels pour le chauffage s'élèvent à 188 MWh et à 130 MWh pour le refroidissement. Côté Mairie de Saint-Ouen, les besoins sont moins importants (75 MWh de chauffage et 68 Kwh pour le refroidissement). «  Pour tirer le meilleur parti du potentiel géothermique de la station, le captage permettra également de satisfaire entre 45% et 65% des besoins de chauffage d'un programme immobilier connexe de 80 logements auquel il sera relié », annonce la Régie.

Une consommation d'énergie à réduire de 20% entre 2015 et 2025

La RATP « étudie systématiquement le recours aux énergies de récupération », affirme Sophie Mazoué. Elle a déjà, depuis les années 1980, l'expérience de la récupération de l'énergie provenant du freinage de ses rames. Un tel dispositif couvre les réseaux de RER et de tramway et une partie du métro (qui devrait en bénéficier totalement d'ici 2032, le temps de renouvellement l'ensemble du matériel).

La géothermie, quant à elle, pour des contraintes techniques, ne peut être mise en place que lors d'un prolongement ou de la construction d'une nouvelle ligne, à l'occasion des grands travaux occasionnés. Le remplacement de l'existant, petit à petit, devrait conduire la Régie à remplir les objectifs ambitieux qu'elle s'est fixée : « Réduire nos émissions de gaz à effets de serre de 50% entre 2015 et 2025 et notre consommation d'énergie de 20% sur la même période », rappelle Sophie Mazoué.

D'autres pistes sont suivies pour les atteindre (récupération de la chaleur des data centers, passage de toute la flotte de bus à l'électrique et bio-GNV, utilisation exclusive d'ampoules Led…). « La question de l'énergie porte aussi bien, chez nous, sur le matériel roulant que sur l'infrastructure elle-même ou nos sites tertiaires et industriels », confirme la RATP.

Intégrée au coût global du projet de prolongement de la « 14 », les investissements initiaux pour la géothermie seront « amortis par un coût de fonctionnement réduit au bout de 17 ans », selon l'entreprise.