Le chiffre

#MeToo a permis à 71% de femmes victimes de violences de témoigner

Un questionnaire réalisé par la Fondation des Femmes rendu public ce jeudi confirme la libération de la parole engendrée depuis un an et pointe du doigt la nécessité d'améliorer la prise en charge des victimes de violences sexuelles.
par Virginie Ballet
publié le 4 octobre 2018 à 17h15

Le mouvement #MeToo a été un «déclencheur très important et positif dans la vie des répondantes» : c'est en substance ce que révèle une enquête menée par la Fondation des femmes, dont les résultats ont été rendus publics ce jeudi. Tandis que selon un sondage publié il y a deux jours, 53% des Français estimaient que #MeToo n'avait pas eu d'impact sur la société ni dans un sens ni dans l'autre, l'enquête de la Fondation des femmes (1) fait état d'une tout autre réalité : 71% des victimes de violences ont dénoncé les faits dont elles ont été victimes après la révélation des violences sexuelles commises par Harvey Weinstein. Cette différence de perception s'explique sans doute par le profil des répondantes au questionnaire de la Fondation des Femmes.

Pour presque toutes (95,7%), témoigner a été une expérience positive, relève la Fondation des femmes, dont les travaux rendent palpable cette libération de la parole. Et concrète, aussi : ainsi, dans 95,3% des cas, les victimes se sont ouvertes auprès de leurs proches (familles, amis, collègues). Seules 15,9% d’entre elles ont pris contact avec une association spécialisée, et 10,5% seulement avec les services de police ou de gendarmerie.

Recueil de récits

Pour Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des Femmes, ces très faibles taux «illustrent à la fois les inégalités d'accès au tissu associatif à travers l'Hexagone, alors que cet accompagnement peut s'avérer essentiel, mais aussi et surtout la nécessité d'améliorer le processus d'accueil pour les femmes victimes». Pour ce faire, la fondation suggère notamment la mise en place de box dédiés au recueil de récits parfois intimes et souvent douloureux, ainsi que le renforcement de la formation des forces de l'ordre sur ces sujets : 55,2% des interrogées font état d'une mauvaise expérience avec les services de police ou de gendarmerie. Pis, seules 25,6% disent faire confiance à la justice sur ces sujets.

Pour Anne-Cécile Mailfert, «il est urgent d'apporter des moyens financiers et matériels aux associations, car leur accompagnement, tant juridique que psychologique, peut s'avérer décisif pour les victimes. Or, le budget du secrétariat d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes est le plus petit de l'Etat», relève-t-elle. Plus des trois quarts des interrogées (76%) estiment qu'il est urgent de sensibiliser la population sur la réaction à avoir. Et 74% appellent également de leurs vœux à une prise en charge psychologique systématique et gratuite des victimes de violence.

(1) Enquête réalisée en partenariat avec le magazine Femme Actuelle. Questionnaire publié en ligne du 13 au 27 septembre. 1 344 réponses ont été récoltées (175 femmes ayant répondu n'ont pas subi de violences. Les résultats présentés ci-dessous portent sur les 1 169 femmes victimes de violences ayant répondu à cette enquête).

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