Aux Philippines, l'île de Boracay avait tout d'une île paradisiaque. Mais soumise à un tourisme de masse auquel elle n'était pas préparée, faute d'équipements d'assainissement : les eaux usées des hôtels de l'île, surnommée "fosse septique" par le président philippin, étaient déversés directement dans l'océan ! Au point que le 26 avril 2018, les Philippines ont décidé la fermeture de l'île aux touristes pour 6 mois. De nouvelles mesures ont été annoncées pour sa réouverture fin octobre 2018 : limitation du nombre de touristes... et interdiction de la consommation d'alcool sur les plages.
19.000 touristes au maximum, et pas d'alcool sur les plages
Quand elle sera de nouveau accessible le 26 octobre, cette île de 10 km2 située à 300 kilomètres au sud de Manille connue pour ses fêtes débridées, n'acceptera plus qu'on fume ou qu'on boive sur ses plages. Le nombre des touristes présents au même moment ne pourra dépasser les 19.000 personnes. Jusqu'à sa fermeture, Boracay accueillait chaque année environ deux millions de visiteurs. En haute saison, 40.000 touristes se prélassaient sur ses plages de sable blanc et nageaient dans ses eaux cristallines.
ÉCONOMIE. Le gouvernement philippin a imputé à la fermeture de Boracay un net ralentissement de l'économie au deuxième trimestre mais M. Duterte a déclaré que le nettoyage du site en valait la peine. "Nous voulons des plages propres", a déclaré le sous-secrétaire à l'Environnement Sherwin Rigor à la télévision ABS-CBN. "Il y a plus de gens qui veulent des activités familiales".
Le tourisme pèse 1 milliard de dollars dans l'économie des Philippines
Les touristes, parmi lesquels un nombre croissant de Chinois et de Sud-Coréens, avaient injecté en 2017 environ un milliard de dollars dans l'économie de l'archipel. Les hôtels, bars et restaurants les pieds dans l'eau ont été démolis afin d'établi une bande de sable vierge de 30 mètres de large entre la mer et les infrastructures. Il sera interdit de boire de l'alcool et de fumer dans ces zones. Les mariages, la vente ambulante et les massages y seront également interdits, a ajouté le sous-secrétaire à l'Environnement. Les gigantesques fêtes de plage dites "Laboracay" organisées autour du 1er mai (Labor Day), qui attiraient des dizaines de milliers de personnes, devraient également appartenir au passé, a ajouté le ministre.
NORMES ENVIRONNEMENTALES. Le nombre des chambres d'hôtel sera restreint à 6.000, soit la moitié du total. Les autres ferment pour cause de non respect des règles, environnementales notamment. Les hôtels de Boracay ont désormais l'obligation de créer leurs propres infrastructures de traitement des eaux usées. Les détritus seront acheminés quotidiennement par bateau jusqu'à une décharge. Autant dire que pour le secteur touristique, le coût de l'investissement sera pharaonique. La Fondation Boracay, qui représente le secteur touristique de l'île, s'est refusée à commenter la nouvelle réglementation, arguant qu'elle n'en avait pas été officiellement informée.