Boîte de Levothyrox dans une pharmacie le 4 décembre 2017

Une boîte de Levothyrox "nouvelle formule" dans une pharmacie le 4 décembre 2017.

afp.com/REMY GABALDA

Le chercheur qui a confié mercredi avoir découvert des "éléments impurs" dans la nouvelle formule du Levothyrox s'est fait couper le sifflet par le CNRS. Son analyse "n'a pas respecté la déontologie scientifique" et les conclusions ne peuvent donc pas être considérées comme des faits scientifiques, selon le Centre national de la recherche scientifiquece vendredi.

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Le chimiste toulousain Jean-Christophe Garrigues avait fait part de ses constatations au site Médiacités. "Ce pic d'impureté alerterait le moindre scientifique", avait-il assuré, sans nommer les substances selon lui en cause. Il reproche à l'ANSM de ne pas avoir poussé ses recherches en la matière. Ses propres analyses ont été réalisées pour l'association de patients AFMT, en pointe dans la lutte contre le nouveau Levothyrox.

Des accusations contre l'ANSM et le laboratoire

"En tant qu'employeur, le CNRS considère que l'agent n'a pas respecté la déontologie scientifique indispensable pour valider toute recherche", a réagi le CNRS deux jours plus tard, dans un communiqué au ton inhabituellement vif.

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Les mesures de Jean-Christophe Garrigues ne seraient "liées en aucune façon à une quelconque activité de recherche de son équipe ou du laboratoire". Selon le CNRS, le chercheur a fait publier immédiatement ses conclusions, sans passer d'abord par le processus d'évaluation nécessaire à toute analyse scientifique.

A son tour, l'Agence du médicament ANSM se veut rassurante. "L'ensemble des contrôles réalisés dans nos laboratoires a confirmé la bonne qualité de la nouvelle formule du Levothyrox", dit-elle. Selon l'ANSM, la dextrothyroxine, un élément considéré comme une impureté, est présente "uniquement à l'état de traces dans la nouvelle comme dans l'ancienne formule."

Une affaire polémique

Depuis la mise sur le marché au printemps 2017 de la nouvelle formule du médicament, le laboratoire Merck, qui le commercialise, est visé par plusieurs procédures judiciaires. Le médicament, utilisé en cas d'hypothyroïdie, serait à l'origine de nombreux effets secondaires (fatigue, maux de tête, insomnie, vertiges...), ressentis par 31 000 patients (sur un total de 2,2 millions).

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Après les révélations du chercheur, le laboratoire s'est également défendu en rappelant les conclusions de l'ANSM sur le médicament. Il a ensuite démenti l'affirmation selon laquelle il aurait récemment modifié la formule du médicament. "Il n'y a pas de 'nouvelle-nouvelle formule'. Nous condamnons fermement toute allégation dans ce sens", a affirmé Merck.

Quant au CNRS, il a annulé la conférence organisée par l'association de patients AFMT prévue ce vendredi matin dans ses locaux, à laquelle Jean-Christophe Garrigues devait participer. Dans son communiqué, il s'est engagé avec l'université Paul-Sabatier de Toulouse "à encourager leurs laboratoires compétents dans le domaine à travailler dans l'élucidation des questions soulevées" par les résultats du chimiste.

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