Compiègne : pour encadrer la chasse à courre, Creil et Beauvais vont prêter leurs policiers

Les autorités veulent anticiper d’éventuels débordements en forêt de Compiègne ce samedi et vont envoyer des renforts ponctionnés dans les effectifs des communes voisines.

 Compiègne, le 15 septembre. Pour cette nouvelle saison de chasse à courre, les forces de l’ordre, sont particulièrement mobilisées.
Compiègne, le 15 septembre. Pour cette nouvelle saison de chasse à courre, les forces de l’ordre, sont particulièrement mobilisées. LP/B.D.

    Mieux vaut prévenir que guérir. C'est avec ce dicton en tête que la préfecture de l'Oise et la police nationale ont prévu un dispositif inédit, ce samedi, pour encadrer la chasse à courre en forêt de Compiègne. Alors que les veneurs attaquent sérieusement la saison, de nombreux opposants sont attendus.

    Ainsi, deux équipages normalement affectés aux commissariats de Creil et Beauvais seront dépêchés, dès le début de journée, vers la cité impériale. La préfecture reconnaît, en effet, que seul un équipage de trois policiers compiégnois était initialement prévu ce samedi matin. Pour un secteur de 50 000 habitants et 144 km2 de forêt dans laquelle évolue la chasse à courre.

    « Il est anormal qu'on mette en péril la sécurité des autres »

    « Lors des altercations, durant la période de chasse précédente, nos renforts n'étaient pas sur place et avaient un délai d'intervention trop long dû à la distance entre Beauvais, Creil et Compiègne », souligne-t-on dans l'entourage du préfet, Louis le Franc, qui a par ailleurs récemment demandé des effectifs supplémentaires à l'Etat.

    Mais ne déshabille-t-on pas deux secteurs pour limiter les troubles dans les bois compiégnois ? C'est en tout cas l'avis du maire (PS) de Creil, Jean-Claude Villemain, pour qui ces mouvements ont du mal à passer. « Il est anormal que, pour le plaisir des uns, qui plus est une chasse d'une autre époque, on mette en péril la sécurité des autres », regrette-t-il.

    « Nos policiers ne feront pas la sécurité privée des chasseurs »

    En désaccord, le cabinet du préfet souligne que « nos policiers ne feront pas la sécurité privée des chasseurs, ils seront à Compiègne pour anticiper d'éventuels problèmes ». Et d'indiquer que la réflexion autour de ce « dispositif d'apaisement » a été lancée à la fin de la saison dernière.

    Jean-Claude Villemain, qui n'était pas informé et dont la ville ne pourra compter, ce samedi, que sur une poignée d'hommes et femmes de police secours, n'adhère pas. « Que ces gens se gèrent entre eux, on a besoin de ces effectifs. » Commerçant dans le quartier de la gare de Creil, Cédric s'emporte : « Nous avons l'un des taux de délinquance les plus hauts de l'Oise, il n'y a déjà pas assez de policiers et on nous en enlève pour ça ? C'est du grand n'importe quoi ! »

    « Il faut être solidaire », pour la maire de Beauvais

    À Beauvais, Caroline Cayeux, la maire (DVD), assure de son côté « qu'il faut être solidaire. Je vais prévenir ma police municipale, j'espère qu'il n'y aura pas de soucis ici. » Dans la ville préfecture aussi, il y aura moins d'une dizaine de policiers présents en ce début de week-end. « Je suis inquiète de cette baisse, car on a de la délinquance », commente Kady, une habitante de 52 ans. « Dans un département en pénurie d'effectif, ce choix est en effet dur à comprendre », appuie Julien Soir, délégué départemental Alliance Police.

    Les principaux protagonistes, eux, se disent rassurés. « Les policiers ont sûrement mieux à faire mais, au moins, on sait qu'on pourra les contacter si besoin », indique Stanislas Broniszewski, porte-parole des opposants. Guy Harlé d'Ophove, président des chasseurs de l'Oise, compte sur ces renforts pour « faire respecter la loi et l'ordre républicains ».

    Veneurs et anti-chasse pourront aussi compter sur la présence des gendarmes, compétents pour une autre partie de la forêt, qui utiliseront leur « expérience de l'an dernier pour être prêts, ainsi que de nouvelles motos tout-terrain » au cas où leur intervention serait nécessaire dans une zone difficile d'accès.