“L’extrême droite avance”, constate Nexo Jornal. Les résultats officiels du premier tour de l’une des élections présidentielles “les plus tendues depuis le retour de la démocratie au Brésil” sont tombés dimanche soir. Après dépouillement de 98 % des voix, 46,46 % des suffrages sont allés à Jair Bolsonaro et 28,69 % à Fernando Haddad, poussé sur le devant de la scène par l’inéligibilité de Lula.

Bolsonaro, 63 ans, un nostalgique assumé du régime militaire brésilien abonné aux déclarations racistes, misogynes et homophobes, n’est pas parvenu à se faire élire au premier tour, malgré ses espoirs. Selon Poder360, il n’a pas tardé à mettre en cause des “problèmes d’urnes électroniques”, qui lui auraient volé la victoire. “Je suis sûr que si ce problème n’était pas arrivé et que nous avions confiance dans le vote électronique, nous aurions eu dès ce soir le nom du président de la République”, a-t-il déclaré, selon le site.

Fernando Haddad, 55 ans, a pour sa part déclaré devant ses partisans que “le second tour, allait offrir une opportunité en or pour débattre face à face”, selon Folha de São Paulo. “J’ai toujours été du côté de la liberté et de la démocratie, et je ne vais pas renoncer à mes valeurs”, a-t-il ajouté.

Dans une analyse, le grand quotidien de São Paulo affirme que ce premier tour est “une gifle pour la politique traditionnelle, qui devra se réorganiser”, et que le rejet de l’“establishment”, en germe dans les manifestations monstres de 2013, avait été “sous-estimé”.

Le site G1 observe pour sa part que le résultat “a brisé la polarisation entre le PT et le PSDB à l’élection présidentielle”. Car si le Parti des travailleurs (PT) sera bien au second tour, son adversaire historique, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB), s’est effondré, l’opposition au “pétisme” étant incarnée cette fois par Bolsonaro.

Le candidat du PSDB, Geraldo Alckmin, n’a recueilli que 4,81 % des voix, soit le plus mauvais résultat de l’histoire du parti à l’élection présidentielle.

Conquérir de nouveaux électeurs

Mais si Bolsonaro a conquis près de la moitié des votants, le chemin vers la victoire au second tour, le 28 octobre, est encore long. Le candidat ne s’est guère exprimé en personne pendant la campagne, notamment en raison d’une attaque au couteau qui l’a cloué au lit pendant une bonne partie des dernières semaines. Mais, comme le souligne O Globo, “il va maintenant devoir s’exposer et expliquer clairement ce qu’il compte faire s’il est élu”.

Il devra aussi conquérir de nouveaux électeurs, et, selon Nexo Jornal, il devra choisir entre “tendre la main à une nouvelle frange de l’électorat ou parier sur son discours extrémiste”.

Fernando Haddad devra lui aussi séduire au-delà de sa famille politique, précise le site, notamment en mettant un frein au profond rejet de son parti, “lié principalement à la corruption, au radicalisme de son discours de gauche et à la mauvaise gestion de l’économie”.

Autant de questions qui ne manqueront pas, selon O Globo, d’entraîner “une polarisation plus grande encore de la campagne électorale”, car “la tendance des électeurs est de voter plutôt pour le rejet d’un nom que pour l’adhésion à un autre. Tous les sondages réalisés ces derniers jours montraient que le pourcentage d’opposants à chaque candidat était plus élevé que celui de ses soutiens”.