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La nouvelle insulte à Wall Street: «Espèce de Lehman!»

CHRONIQUE. Un gérant de hedge fund estime que Tesla a de nombreux points communs avec l’ex-banque d’affaires. La comparaison se heurte aux différences de leurs patrons respectifs

Elon Musk serait-il le nouveau Dick Fuld, l’ancien patron de Lehman Brothers, surnommé «le gorille»? — © REUTERS/Jonathan Ernst/File Photo
Elon Musk serait-il le nouveau Dick Fuld, l’ancien patron de Lehman Brothers, surnommé «le gorille»? — © REUTERS/Jonathan Ernst/File Photo

Anniversaire de la crise financière oblige, Lehman Brothers est à la mode ces temps-ci. On ne compte plus – y compris dans ce journal – les analyses sur les causes, conséquences et suites possibles de la faillite d’un des ténors de Wall Street (jusqu’au 15 septembre 2008). A New York, Lehman est presque devenu un mot commun. Une sorte d’insulte dans les milieux financiers.

Le gérant de hedge fund David Einhorn en a usé vendredi, pour comparer Tesla et Lehman. Les deux entreprises auraient de «nombreux parallèles»: des menaces lancées contre les vendeurs à découvert (dont fait partie Einhorn), le refus de lever du capital et un management qui suggère que la société soit sortie de la bourse.

En mai 2008, Einhorn avait publiquement critiqué la comptabilité de Lehman Brothers, en particulier concernant l’immobilier, et avait affirmé que la banque d’affaires avait besoin de nouveaux capitaux, rappelle l’agence Reuters. Quatre mois plus tard, Lehman tombait après que son action avait perdu trois quarts de sa valeur en neuf mois.

Dimension psychologique

L’action Tesla a chuté de 30% depuis le 8 août. Soit un peu plus que la perte du principal fonds de David Einhorn entre janvier et septembre (-25%). Ce dernier affirme néanmoins que la vente à découvert des actions Tesla a été sa deuxième position la plus lucrative au cours du troisième trimestre. Une attaque contre le constructeur automobile l’aide dans sa stratégie.

L’argumentation de David Einhorn a pris une dimension psychologique, lorsqu’il a suggéré que le comportement d’Elon Musk prouvait que ce dernier était abattu et qu’il faisait «de son mieux pour être soulagé de son poste de directeur général», de manière à ne pas devoir rendre de comptes. Une référence au tweet qui annonçait début août que le financement était assuré pour sortir Tesla du marché.

Amende de 20 millions de dollars

Pour cette annonce illégale (et fausse), Tesla a reçu une amende de 20 millions de dollars et Elon Musk a dû quitter sa fonction de président (il peut néanmoins demeurer CEO), a décidé la SEC, le gendarme des marchés américain. Une SEC qu’Elon Musk, décidément joueur, renommait cinq jours plus tard la Shortseller Enrichment Commission, la commission d’enrichissement des vendeurs à découvert.

On est assez loin du comportement du CEO de Lehman, Dick Fuld, en 2008. «Le gorille» (son surnom) était capable de déclarer qu’il arracherait le cœur des vendeurs à découvert. Le surnom de Musk? Un bien plus doux Energizer, comme le lapin d’une célèbre publicité pour des piles, à cause de son hyperactivité (pas seulement sur Twitter).