POLITIQUE - L'ennemi ce n'est pas l'Europe mais bien l'Union européenne. Les chefs de file de l'extrême droite française et italienne Marine Le Pen et Matteo Salvini ont lancé ce lundi depuis Rome leur campagne électorale pour les européennes de mai prochain. Un scrutin où tous deux se montrent confiants de jouer les premiers rôles, en promettant notamment un "moment historique" pour le camp nationaliste en nette progression sur le continent.
"C'est l'Histoire avec un grand H qui va s'écrire au mois de mai prochain. C'est l'émergence d'une Europe des nations", a promis la présidente du Rassemblement national Marine Le Pen au côté de son allié Matteo Salvini depuis le siège d'un syndicat italien UGL. "Le rendez-vous de mai sera la fin d'un parcours, d'une révolution du bon sens", a renchéri le chef de la Ligue italienne mais aussi vice-Premier ministre italien et ministre de l'Intérieur, dopé dans les enquêtes d'opinion par sa ligne intransigeante sur l'accueil des migrants.
Au cours d'une conférence de presse commune, les deux dirigeants souverainistes ont affiché la même ambition: obtenir suffisamment de voix aux prochaines élections européennes pour virer en tête au Parlement européen et détricoter de l'intérieur une Union européenne jugée "totalitaire".
Une Europe des nations sociales
Un peu présomptueux? Présentés par Emmanuel Macron et les dirigeants pro-européens comme leurs principaux adversaires, Marine Le Pen et Matteo Salvini soufflent de concert sur les braises qui dopent les partis nationalistes partout sur le continent. Très offensifs sur la question des migrants, les deux chefs de parti, dont les formations siègent déjà ensemble au Parlement européen, se sont également posés en défenseurs d'une Europe protectrice, respectant les nations et foncièrement anti-mondialisation. "La mondialisation sauvage, c'est comme au restaurant: c'est le dernier qui sortira qui payera l'addition", a tranché de manière imagée Marine Le Pen en réclamant que l'Europe ferme ses portes à la concurrence mondiale.
"Les ennemis de l'Europe sont ceux retranchés dans le bunker de Bruxelles (...) les Juncker, les Moscovici, qui ont apporté la précarité et la peur en Europe et refusent d'abandonner leur fauteuil", a attaqué Matteo Salvini, régulièrement critiqué par la Commission européenne pour le budget italien qui prévoit une hausse des dépenses et du déficit public. Allié au Mouvement 5 étoiles (M5S), Matteo Salvini a revendiqué vouloir reprendre à son compte les idéaux sociaux de la gauche.
"Je suis attentif aux estimations des Bourses, des marchés, des analystes mais si un projet de budget, comme le nôtre, met au centre le droit au travail, à la santé, à la vie, à la retraite, cela vient avant les autres raisons", a-t-il dit.
Vers d'hypothétiques candidats communs
Les deux chefs de parti n'ont pas évoqué la question ultra-sensible d'une sortie de l'euro. Lors de la formation du gouvernement italien, la publication d'un document de travail évoquant un possible retrait de la monnaie unique avait déclenché une tempête de l'autre côté des Alpes. "La sortie de l'euro n'est pas à l'ordre du jour: le respect des économies nationales est à l'ordre du jour", a écarté le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini.
De son côté, Marine Le Pen avait déjà estimé que cette mesure, longtemps au coeur de son programme, n'était plus une priorité.
À l'inverse, les deux alliés entendent profiter de leur proximité idéologique pour lancer un "Front de la liberté", alliance électorale en vue des élections européennes qui présentera "si possible, des candidats communs". Le rapprochement demeure toutefois embryonnaire, ni Marine Le Pen ni Matteo Salvini ne défendant pour l'heure un candidat commun pour briguer la succession de Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission.
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