Interpol et deux ONG, ont calculé que l’exploitation illégale de ressources naturelles est la première source de financement des groupes maffieux et terroristes. En 2017, avec 110 à 281 milliards de dollars, elles ont fourni 38 % des revenus de ces organisations malfaisantes.

Interpol, l’ONG norvégienne Rhipto et le Global Initiative against transnational organized crime ont publié un Atlas inhabituel, celui : des flux financiers illégaux. Il trace plus de milles routes utilisées par des mafias, des groupes rebelles et terroristes, pour leurs trafics. Si de nombreuses routes passent par l’Afrique, aucune zone du monde n’est épargnée.
L’Atlas met en avant la place croissante prise par les crimes contre l’environnement. "Les conflits et le terrorisme sont aujourd’hui financés dans une proportion sans précédent par le crime organisé et les revenus illicites tirés de l’exploitation des ressources naturelles", écrivent les auteurs.
Le pétrole en tête
Ainsi, l’exploitation, la taxation, la vente et le vol de matières premières a représenté entre 110 et 281 milliards de dollars en 2018 (dont 20 % pour le seul pétrole). Cela représente un accroissement de 14 % par rapport à 2016 et de 44 % par rapport à 2014. Environ 31,5 milliards de dollars sont spécifiquement issus de zones de conflits.



L’exploitation illégale de la nature est désormais la première source de revenus des organisations terroristes avec 38 % des montants engendrés. Elle devance le trafic de drogue (28 %), l’extorsion de fonds (26 %), les donations directes (3 %), les enlèvements contre rançons (3 %), le charbon de bois (1 %) et le trafic d’antiquités (1 %).
Parmi ces atteintes à l’environnement, le rapport met en avant l’exploitation illégale de mines et des hydrocarbures, la vente de bois, l’exploitation de zones de pêche et d’animaux. Il existe de plus des trafics illégaux de déchets toxiques et électroniques qui ont de lourds impacts en matière de pollution des sols et des eaux.
Alimenter les conflits
"L’énorme volume d’argent illicite généré par l’exploitation des ressources naturelles est une source de grave préoccupation. Les réseaux criminels et leurs activités alimentent des conflits violents qui portent atteinte à l’état de droit", a déclaré Jürgen Stock, secrétaire général d’Interpol.
Ces routes illégales, au-delà du seul environnement, sont très bien mise en images dans la vidéo de l’ONG Rhipto. Elle illustre entre autres les 5 milliards de dollars que rapportent le trafic d’êtres humains depuis la Syrie et l’Irak vers l’Europe, les 8,4 milliards que rapporte la cocaïne entre la Colombie et les États-Unis, les 500 millions d’euros d’or et minerais illégaux depuis la RDC vers le Golfe.

Un autre facteur aggravant : l’évasion fiscale
En août dernier, des chercheurs de l’université de Stockholm (Suède), de l’Académie royale des sciences de Suède et de l’université d’Amsterdam (Pays-Bas) avaient déjà mis en lumière les liens existants entre l’évasion fiscale et les atteintes à l’environnement.
L’étude, publiée dans Nature Ecology & Evolution, montrait que 70 % des navires impliqués dans la pêche illégale et 68 % des exploitations de soja et de bœuf dans la forêt amazonienne sont immatriculés dans des paradis fiscaux.
Ludovic Dupin, @LudovicDupin

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