"Nous sommes pris en otage": le personnel du bloc opératoire de la clinique Oxford à Cannes dénonce des conditions de travail "infernales"

Manque de personnel, horaires à rallonge, rythme de travail effréné... le personnel du service bloc opératoire de la clinique Oxford à Cannes tire la sonnette d'alarme après avoir usé de son droit de retrait, mardi 9 octobre.

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sandie navarra Publié le 10/10/2018 à 11:22, mis à jour le 10/10/2018 à 11:33
La quinzaine de salariés est à bout de souffle. Photo Patrice Lapoirie

Mardi matin, 7h30. Le planning du service bloc opératoire de la clinique Oxford s'annonce chargé.

Chaque jour au sein des 13 salles d'interventions réparties sur trois étages, une centaine d'opérations sont programmées. "Sans compter les urgences", précise le personnel qui a décidé de dire stop. "Au manque de personnel. Aux horaires à rallonge. A cette cadence infernale des opérations. Au manque de considération."

Une quinzaine d'infirmiers, brancardiers et agents de service hospitalier - sur les 55 qui composent le service - ont ainsi usé de leur droit de retrait "avant de mettre en danger les patients". 

Le mal-être ne date pourtant pas d'hier. "Cela fait plus d'un an que la situation empire. On sait quand on arrive, jamais quand on repart. Les plannings sont gérés non pas en fonction des effectifs disponibles, mais en fonction des plannings des chirurgiens. Ce sont des débordements programmés! Nous sommes pris en otage, après une garde de 12 heures, comment refuser une opération à un patient qui a attendu de longues heures car on souhaite rentrer chez nous?"

"Tout est fait dans l'urgence"

Le travail ne s'arrête pas après la dernière intervention. Il faut ensuite ranger la salle, vérifier le matériel, les stocks, la stérilisation... "Tout est fait dans l'urgence. Vu nos amplitudes horaires, nous sommes épuisés. Et c'est notre responsabilité qui est engagée!"

Les salariés ont alerté la médecine du travail au mois de mai. Puis l'inspection du travail cet été. "Nous avons même pris un avocat pour faire valoir nos revendications: l'embauche de personnel supplémentaire, une revalorisation de nos salaires ou la mise en place de primes, le respect de la charte de bloc et donc des horaires, une meilleure organisation générale... Mais rien ne change, et les promesses ne sont pas tenues!"

Depuis le mois d'août, le bloc opératoire et les services de chirurgie de la clinique du Méridien ont été rapatriés à Oxford.

Ce qui semblait une belle opportunité de fusion et de réorganisation s'avère aujourd'hui un problème supplémentaire. "Nous avons récupéré beaucoup plus de chirurgiens que de personnel. Et les locaux ne sont pas extensibles."

Rester pour des urgences, pas pour du chiffre

À bout de souffle, la quinzaine de salariés parle d'une même voix.

"Ce sont nos vies privées qui en pâtissent. Quand on est absent de la maison 15 heures par jour, on a plus le temps de s'occuper de son conjoint ou de ses enfants! On n'a plus rien à donner… Il faut partager sa vie avec quelqu'un qui accepte une telle situation ou payer des heures de nounou. Il n'y a aucune compensation à un tel rythme, pas même financière."

Reste la passion. Et les patients. "C'est pour eux que l'on a souhaité médiatiser notre action aujourd'hui. Nous tenions à nous excuser auprès d'eux, certains avaient pris un jour de repos pour pouvoir être opérés. D'autres ont dû prendre un traitement pour subir une coloscopie par exemple. Ils ont pâti de notre action aujourd'hui, mais nous espérons que les choses vont bouger et que tous pourront y gagner. Nous sommes tous prêts à rester toute la nuit s'il le faut pour des urgences vitales… mais pas pour faire du chiffre."

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Nice-Matin

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