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Procès pour prostitution de mineures: "Des gamines de plus en plus jeunes, droguées pour pouvoir supporter le nombre de passes"

Une dizaine de jeunes, dont des filles, sont jugés à partir de mercredi devant le tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne) pour avoir prostitué des mineures dans des hôtels de région parisienne.

Dix prévenus comparaissent ce mercredi devant le tribunal correctionnel de Créteil pour avoir prostitué des mineures dans des hôtels de région parisienne. Les huit victimes identifiées par les enquêteurs avaient de 13 à 17 ans au moment des faits, entre avril 2016 et décembre 2017. Leurs proxénètes, associés dans des "micro-réseaux" de prostitution, avaient pour la plupart la petite vingtaine. Des faits qui se sont déroulés essentiellement dans le Val-de-Marne mais aussi à Paris.

Il s'agit de 4 "micro-réseaux". En haut de la hiérarchie le mac. Il réserve et paye les chambres d'hôtel et assure la sécurité des filles. Son adjoint surveille les passes. Un autre publie les annonces des mineures sur des sites de rencontre. Le plus âgé n'a aujourd'hui que 23 ans.

Parfois jusqu'à 10 passes par jour

Au bas de l'échelle, les prostituées. Des mineures âgées de 13 à 17 ans, la plupart en rupture familiale, en fugue. Elles affirment ne pas avoir agi sous contrainte, mais admettent qu'elles ne géraient pas non plus leur activité. Elle faisait parfois jusqu'à 10 passes par jour. Le mac empochait 500 euros. Ces micro-structures gravitaient dans les mêmes hôtels du Val-de-Marne. Grande absente de ce procès: une adolescente de 16 ans qui faisait le lien avec les proxénètes. Elle mettait ses copines sur le trottoir et rêvait d'avoir son propre réseau. Elle sera jugée plus tard devant le tribunal des enfants.

Armelle Le Bigot-Macaux de l'association Agir contre la prostitution des enfants, alerte depuis longtemps sur ce phénomène:

"Ce sont des gamines de plus en plus jeunes et les proxénètes sont de plus en plus jeunes. Ça commence comme des amourettes avec des services que rendent ces filles. Oui, au début elles étaient consentantes. Ça démarre toujours bien et très vite, c'est effroyable. Elles sont sous emprise de la drogue pour pouvoir supporter autant de passes par jour. Il faut ouvrir les yeux. On se donne bonne conscience en se disant que ça se passe dans les cités, mais avec Internet, ça touche tout le monde", a-t-elle expliqué ce mercredi matin dans Bourdin Direct.
Marion Dubreuil (avec P.B.)