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La déroute se poursuit sur les marchés boursiers

+ VIDEO. La Bourse de Paris est bien partie pour connaître sa pire semaine en Bourse depuis février dernier. Comme il y a huit mois, la remontée des taux obligataires fragilise les marchés actions. La politique commerciale agressive de Donald Trump ajoute à l'incertitude ambiante.

Après la correction à Wall Street, les Bourses européennes ont aussi ouvert en nette baisse
Après la correction à Wall Street, les Bourses européennes ont aussi ouvert en nette baisse (Shutterstock)

Par Pierrick Fay

Publié le 11 oct. 2018 à 22:41Mis à jour le 12 oct. 2018 à 09:59

Un vent d'anxiété souffle sur les marchés financiers en ce mois d'octobre. Comme en février dernier. La remontée des taux d'intérêt sur le marché obligataire américain nourrit la correction boursière. « Le taux des emprunts à 10 ans américains a pris 40 points de base en six semaines, dont la moitié sur le seul mois d'octobre », explique UBS dans une note, rappelant qu'une hausse équivalente avait fait chuter les marchés en février.

Le rendement du taux à dix ans américain a dépassé récemment les 3,20 %, ce qui rend l'investissement en actions plus risqué. « Le marché normalise ses excès », constate Stéphane Déo à La Banque Postale AM, en vendant les valeurs de croissance, jugées bien valorisées, au profit de certaines valeurs délaissées. Mercredi, ces dernières avaient affiché une surperformance relative de 2,64 % face aux valeurs de croissance, selon Stéphane Déo.

L'avertissement du FMI

Mais la hausse des taux n'est pas la seule explication à la vague de prises de bénéfice sur les marchés boursiers. Les investisseurs s'inquiètent aussi des risques de ralentissement de la croissance mondiale. La correction coïncide avec l'avertissement du FMI sur la croissance. L'institution a revu en baisse ses prévisions, à 3,7 % pour 2018 et 2019, au lieu de 3,9 %. En cause, la hausse des tarifs douaniers qui risque de peser sur les échanges internationaux. L'effet est déjà visible sur la Chine, mais aussi sur l'Europe, avec une croissance des nouvelles commandes à l'exportation au plus bas depuis cinq ans, selon IHS Markit.

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Jusqu'ici, Wall Street avait semblé épargné, mais pour Richard Titherington, chez JP Morgan AM, « ce serait une erreur de minimiser l'impact de la dispute commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, qui ne peut être qu'un jeu perdant-perdant ». Car à terme, ces tarifs douaniers pourraient amplifier les tensions inflationnistes aux Etats-Unis et peser sur les intentions d'investissement des entreprises. La correction actuelle des marchés est aussi l'illustration de ces incertitudes.

VIDEO. La prochaine crise financière est-elle pour demain ?

Trump menace encore la Chine

« Le marché a longtemps sous-estimé cette crainte en se disant que Trump parviendrait à un « deal » comme il l'a fait pour l'Alena avec le Mexique. Il espérait la même chose avec la Chine, mais je ne crois pas à ce scénario. On a dérivé vers des problèmes plus complexes sur les brevets, la puissance des technologies, le manque d'ouverture du marché chinois. Cela ne va être facile à régler à moyen terme », avertit David Older, chez Carmignac.

Les dernières déclarations de Donald Trump en attestent. Alors que les investisseurs se montraient rassurés, jeudi après midi, par les chiffres de l'inflation américaine - qui a ralenti en septembre - éloignant ainsi le risque d'accélération du rythme de hausse des taux de la Fed, Donald Trump a remis de l'huile sur les braises dans un entretien sur Fox News. « L'économie chinoise a ralenti très nettement et j'ai encore beaucoup de choses à faire, si je veux. Je ne le veux pas mais ils doivent venir à la table des négociations ». Plus tôt, les attaques du président américain contre la politique monétaire de la Fed avaient aussi secoué les marchés.

Conséquence, la dégringolade s'est poursuivie sur les marchés actions. La Bourse de Paris a perdu 1,92 % jeudi à 5.106 points, ce qui porte son repli à 4,72 % depuis le début de la semaine. Elle pourrait donc enregistrer sa pire performance hebdomadaire depuis février dernier. A Wall Street, le Dow Jones a clôturé en baisse de 2,13 %, et S&P 500 de 2,06 %.

Saison des résultats

Et maintenant ? La poursuite de la correction dépendra d'abord de l'évolution des taux américains. « Cette hausse n'est pas dictée par une envolée de l'inflation ou des pressions inflationnistes. Pour moi, c'est un problème de liquidité. Je pense donc que les taux vont se stabiliser et les marchés actions avec », espère David Older. Un avis partagé par Vincent Juvyns chez JP Morgan AM : « Il y a une conjonction d'éléments qui poussent les taux à la hausse : la normalisation de la politique monétaire de la Fed, qui va racheter 600 milliards de dollars d'emprunts d'Etat en moins cette année, des variables économiques - inflation et croissance - qui permettent à la Fed d'augmenter ses taux… Mais à un moment, leur niveau va devenir suffisamment intéressant pour pousser les investisseurs à acheter des obligations, ce qui devrait freiner le mouvement de hausse des taux ».

Elle dépendra aussi de la saison des résultats qui va démarrer à Wall Street. Les analystes anticipent une hausse de 21 % des bénéfices par action pour le S & P 500 au troisième trimestre et de 20 % au quatrième trimestre. Les attentes sont donc très élevées, notamment sur les marges, ce qui constitue aussi un risque en cas de déception. Les investisseurs seront aussi attentifs aux prévisions des entreprises, d'autant que de nombreux dirigeants ne cachent plus leurs inquiétudes sur les conséquences de la guerre tarifaire avec la Chine. Après avoir connu le meilleur de Trump depuis un an, les investisseurs pourraient bien commencer à en connaître le pire.

Pierrick Fay

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