“En général, quand quelqu’un parle de rots et de pets pendant la diffusion d’un jeu vidéo, c’est au mieux une plaisanterie. Cette fois-ci, absolument pas.” Ainsi, cette journaliste de Wired relate son visionnage d’une partie de jeu vidéo sur la chaîne ClimateFortnite. Et si les allusions étaient loin de constituer une plaisanterie, c’est que le thème du jour était les émissions de méthane dues à l’agriculture.

Si la visée pédagogique est au cœur du projet de cette chaîne Twitch, la plateforme de streaming de jeux vidéo la plus populaire, il n’est pas question ici de jeu éducatif à proprement parler.

En effet, c’est le jeu Fortnite qui sert de support à Henry Drake, l’étudiant (équivalent master) du Massachusetts Institute of Technology (MIT) qui anime la chaîne ClimateFortnite avec d’autres spécialistes du climat. Fortnite est un jeu de tir qui connaît un succès fulgurant, d’où un public toujours plus large sur Twitch pour regarder des parties diffusées et commentées en direct. Ces scientifiques, en superposant des échanges à visée écologique aux images de combats, espèrent donc que “les audiences massives de la plateforme permettront de faire passer leur message au plus grand nombre”.

Un format attirant pour les plus jeunes

Autre atout : l’interactivité. Pendant une diffusion, il est possible d’envoyer des messages en direct au joueur. Ainsi, selon Henry Drake, la chaîne “construit une communauté où il est possible de poser les questions les plus difficiles directement à un expert”.

Le but est aussi bien sûr d’attirer un public plus jeune vers la vulgarisation scientifique. Interrogé par Wired, le professeur Andrew Dessler, participant à ClimatFortnite, explique :

Les scientifiques font du bon travail de communication par les canaux traditionnels : en parlant aux journalistes, aux politiques, en écrivant des tribunes. Mais tout le monde n’écoute pas les politiques, ni ne lit les tribunes ou suit des scientifiques sur Twitter. ClimateFortnite est un excellent moyen de parler à ceux qui ne s’informent pas par les sources traditionnelles.”

Pour l’instant, le public de la chaîne – qui se compte en centaines, sinon en dizaines de vues – reste très confidentiel à l’échelle de la plateforme.