Maryse Condé : « Pour moi, enfin, la voix de mon pays se fait entendre »

L'écrivaine guadeloupéenne dédie ce « nouveau prix de littérature » suédois à sa famille et à l'île des Antilles qui l'a vue naître en 1937.

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Maryse Condé

Maryse Condé

© ANDERSEN ULF/SIPA

Temps de lecture : 3 min

Maryse Condé vient de remporter le « nouveau prix de littérature » suédois créé à la suite du scandale sexuel dans les coulisses de l'académie suédoise : un groupe d'une centaine de figures issues des mondes littéraire, universitaire et culturel suédois a décidé de créer une Nouvelle Académie et de remettre un prix alternatif, afin que la littérature ne soit pas laissée pour compte en 2018 au motif de la condamnation de Jean-Claude Arnault.

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Dans une ambiance chaleureuse et très féminine, la présidente du jury, Ann Palsson, éditrice suédoise, a annoncé enfin (au bout de 20 minutes d'un suspense intense) la lauréate 2018. Maryse Condé, depuis le village de Gordes, dans le sud de la France, où elle vit désormais sans plus pouvoir écrire en raison de son état de santé, nous a confié réagissant à son prix : « Je le dédie à mon mari, à mes enfants et petits-enfants et surtout à la Guadeloupe qui a voté massivement pour moi et sans qui je n'aurais peut-être pas cette distinction. Pour moi, enfin, la voix de mon pays se fait entendre : une voix qui n'est pas celle d'un département français, mais qui n'est pas africaine non plus. »

Lire aussi Littérature - Nobel alternatif : Maryse Condé consacrée à Stockholm

Dans son discours introductif, Alexandra Pascalidou fondatrice de cette nouvelle académie en a rappelé l'histoire en des termes très engagés : « Pourquoi les auteurs devraient être punis ? » a-elle declaré, expliquant la volonté d'un certain nombre de personnes de « faire quelque chose de plus démocratique », faisant appel aux valeurs de la diversité et ajoutant que la Nouvelle Académie était un mouvement « citoyen ». Elle a aussi donné la parole à Gunilla Lundgren la fondatrice du « Prix Nobel à Rinkeby », qui a réussi à amener les laureats du Nobel dans cette banlieue d&shéritée de Stockholm.

Une élection ouverte

Le nouveau jury compte quatre membres : Ann Palsson, Lisbeth Larrson, professeure de littérature de l'université de Gothenburg, Peter Stenson, éditeur et critique littéraire, et Gunilla Sandin, conservatrice de la bibliothèque et membre de plusieurs jurys littéraires. Ils ont élu l'écrivaine selon une procédure ouverte au « public ». En effet, les bibliothécaires suédois avaient suggéré une liste de 47 noms d'écrivains, à partir de laquelle 30 000 internautes partout dans le monde ont voté. Chimamanda Ngozi Adichie, Cormac McCarthy, Amos Oz, Margaret Atwood, Paul Auster, Joyce Carol Oates, et côté français, Édouard Louis, Nina Bouraoui et Maryse Condé étaient notamment en lice. Aux côtés de Haki Murakami, Kim Thuy, Neil Gaiman et Maryse Condé se sont retrouvé finalistes, retenus par le jury au nom des valeurs de démocratie, d'empathie, d'ouverture et de respect. Mais l'écrivain japonais a tôt fait de demander que son nom soit retiré de la liste ! « Il préfère se concentrer sur son écriture et rester à l'écart de l'attention médiatique », version officielle, on peut aussi songer qu'il ne souhaite pas se voir barrer la route du « vrai » Nobel sur la liste duquel il figure régulièrement...

L'auteure de Ségou, une saga qui a sa place dans la littérature universelle, à l'œuvre engagée et à la vie « sans fards » (titre de son autobiographie), a commencé à écrire, à l'âge de 42 ans, En attendant le bonheur. Elle peut aujourd'hui, à 81 ans, le savourer.


Le dernier roman de Maryse Condé, « Le Fabuleux et Triste Destin d'Ivan et d'Ivana », figurait au palmarès 2017 du « Point ».

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Commentaire (1)

  • gilles 57100

    Qui est guadeloupéenne prend pour titre de son livre "SEGOU" le nom de la 2éme ville du Mali, qui il y a un siècle en était meme la capitale du temps de la colonisation !
    Aurait elle des ancetres maliens ?