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Ces deux-là se mènent une guerre sournoise depuis des mois au sein du même parti, la CSU bavaroise. D'un côté Horst Seehofer, 69 ans, chef du parti et ministre de l'Intérieur au sein du gouvernement Merkel. C'est le représentant des intérêts de la Bavière à Berlin. Et de l'autre Markus Söder, 51 ans, ministre-président de la Bavière. C'est lui qui règne à Munich sur cette région mythique, l'une des plus prospères d'Allemagne. Deux rôles complémentaires et deux hommes qui, si tout s'était passé normalement, auraient dû travailler main dans la main pour permettre un nouveau triomphe de leur parti aux élections de dimanche.
L'inimitié entre les deux hommes ne date pas d'hier. Leur rivalité n'est un secret pour personne. Après les pertes essuyées par la CSU aux élections fédérales l'an dernier, Horst Seehofer est obligé de céder son fauteuil de ministre-président du Land à Markus Söder. Il a l'impression qu'on l'a mis à la porte. La relation entre les deux n'a fait que se détériorer depuis.
Aujourd'hui, la CSU est au plus mal. Le séisme qui se prépare depuis des mois devrait avoir lieu dimanche soir. Si l'on en croit les sondages, ce parti en situation de quasi-monopole dans la région devrait perdre la majorité absolue à laquelle il est abonné à un bref intermezzo près – de 2008 à 2013 – depuis la création du parti. Reste à savoir qui portera le chapeau de cette débandade historique. Les deux barons bavarois se rejettent la responsabilité l'un l'autre.
Surenchère
Horst Seehofer s'évertue à rappeler qu'une élection régionale se joue sur des questions régionales. Markus Söder au contraire rappelle la bonne santé économique de sa région, à la fois à la pointe des nouvelles technologies et solidement ancrée dans ses traditions, bière et culotte de peau. Il estime au contraire que si la CSU est affaiblie, c'est la politique menée à Berlin qui est fautive et tout particulièrement l'attitude du ministre de l'Intérieur. Depuis qu'il est entré au gouvernement par la grande porte, Horst Seehofer ne cesse de déstabiliser la grande coalition CDU/CSU/SPD déjà bien fragile.
Pour s'assurer la loyauté de sa petite sœur bavaroise, Angela Merkel a cédé à Horst Seehofer le super-portefeuille de l'Intérieur, responsable entre autres de la question des migrants. Une décision qui fut douloureuse, avait avoué la chancelière généralement très discrète. Depuis Horst Seehofer ne cesse de l'attaquer : en déclarant que l' « islam ne fait pas partie de l'Allemagne », alors qu'Angela Merkel prêche le contraire, en réclamant un durcissement sensible de la politique migratoire. Pendant des semaines, la « querelle sur l'asile » fait vaciller la GroKo. Les sociaux-démocrates menacent plusieurs fois de quitter le gouvernement. Angela Merkel est obligée d'aller mendier une solution de compromis auprès de ses voisins européens pour calmer son ministre et sauver l'Union de la CDU et de la CSU.
Mais Horst Seehofer n'en démord pas. Il devient la bête noire de la presse libérale. Les chefs des sections locales de la CSU font part du mécontentement de leurs membres. Ceux-ci en ont assez de ce ministre têtu qui cause du tort à leur parti. Une grande majorité des chrétiens-sociaux souhaitent le départ de leur chef. D'ailleurs, sa stratégie du rentre-dedans ne paie pas. Lui qui espérait rallier les électeurs séduits par les populistes de l'AfD produit l'effet inverse. La CSU dégringole dans les sondages. Au printemps dernier, elle pouvait encore espérer 40 % des voix. À la veille des élections de dimanche, elle n'est plus qu'à 33 % des intentions de vote. Un certain nombre d'électeurs catholiques, pour qui glisser leur bulletin de vote CSU dans l'urne relevait d'un automatisme, se mettent soudain à voter pour les Verts ou les Libéraux. La ligne dure adoptée par Seehofer sur la question des migrants est incompatible avec leur foi, disent-ils.
Inutiles crucifix
À Munich, Markus Söder qui va essuyer les plâtres est furieux. Il faut dire pourtant que le ministre-président de la Bavière n'y est pas allé de mainmorte lui non plus pour ramener au bercail les électeurs séduits par l'extrême droite. Pour bien rappeler la tradition chrétienne de la Bavière, il rend obligatoire la pose d'un crucifix bien en vue dans le hall d'entrée des bâtiments publics de sa région déclenchant une polémique nationale. Une stratégie qui, elle non plus, n'a manifestement pas payé.
Lire aussi Bavière : un crucifix pour conjurer le péril de l'AfD
Que se passera-t-il au lendemain des élections : Markus Söder profitera-t-il de ce résultat catastrophique annoncé pour précipiter le départ de Horst Seehofer à Berlin et à la tête du parti ? Horst Seehofer lui n'a pas l'intention de se s'avouer vaincu. « Nous portons tous les deux une grande responsabilité pour notre région et pour notre pays », certifie Horst Seehofer qui assure qu'il sera réélu chef du parti à l'automne 2019 et qu'il a encore une grande tâche à accomplir en tant que ministre de l'Intérieur à Berlin. Des propos qui, dit-on à Munich, ont le don de mettre son rival Söder hors de lui.
La CSU, pourtant très à Droite, s’est plantée en perdant sa majorité absolue qu’elle détenait pourtant depuis la fin de la deuxième guerre mondiale...
Pourquoi ? Ah bon, parce qu'il en est qui se posent encore la question ? L'Europe des Giscard, des Juppé, des Macron, des Merkel, finie, morte et bientôt enterrée. Ouf, on va respirer !
Mais si au moins ça pouvait amener à la refondation (rapide et énergique) d'une autre base pour l'Europe (restreinte) avec le choc du Brexit annoncé... Est-ce que l'adage un mal amène un bien se vérifiera ?... Pas sûr, pourtant c'est bien ce qu'il faudrait lancer.