La nouvelle a été amplement propagée grâce à un reportage de l’émission Piazza Pulita diffusé sur la chaîne La7, le jeudi 11 octobre.

Depuis cette année, dans les écoles de Lodi, au sud de Milan, les règles ont changé. Pour bénéficier d’un tarif réduit pour la cantine et le ramassage scolaire, il ne suffit plus de fournir une attestation de quotient familial. Les familles issues d’un pays hors de l’Union européenne doivent désormais fournir, en plus, la preuve qu’ils ne possèdent pas de biens dans leur pays d’origine.

Cette règle a été introduite par Sara Casanova, la maire Ligue (extrême droite) qui “a cependant sous-estimé un petit détail, espérons-le de bonne foi”, écrit Il Fatto Quotidiano. “Bien souvent, dans ces pays, il n’existe pas de cadastre informatisé. Bien souvent, retourner dans un pays qu’on a fui à cause de la guerre [pour y demander des documents] n’est pas une bonne idée. Bien souvent, cela représente un coût insoutenable. Parfois, cela s’avère impossible.”

À défaut de documents, l’accès à la cantine passe de 1,50 euro par enfant à 5 euros. “Résultat, rapporte La Stampa, quelque 200 familles se retrouvent exclues des services de cantine et de ramassage scolaire, et de jeunes enfants sont invités, au lieu d’aller à la cantine, à manger, dans une autre pièce, les sandwichs préparés par leurs mères.” En Italie, un enfant né de parents étrangers ne peut demander la nationalité italienne qu’à sa majorité.

À Lodi, une mobilisation de parents s’est organisée pour demander que ce règlement soit modifié, et une collecte a été lancée pour “combler la différence”. L’initiative a attiré de nombreuses participations dans la petite ville. Mais, avec la diffusion du reportage de Piazza Pulita, “on a vu une multiplication des adhésions, dont celle de l’Unicef”, indique encore La Stampa. Le dimanche 14 octobre, le comité annonçait sur Facebook avoir atteint 60 000 euros, une somme suffisante pour garantir un accès à la cantine et au bus scolaire jusqu’à la fin de décembre. D’ici là, précise le Corriere della Sera, “le tribunal administratif pourrait s’être prononcé sur la demande d’annulation du règlement, présentée ces derniers jours”.

L’affaire a également pris un tour politique. Elle a suscité les déclarations indignées de l’opposition au gouvernement populiste – composé du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème) et de la Ligue (anciennement Ligue du Nord) – mais aussi les réactions des leaders de ces deux partis. “Pas touche aux enfants !” a écrit Luigi Di Maio (M5S) sur les réseaux sociaux. Tandis que Matteo Salvini (Ligue), tout en soutenant la maire, a précisé que, “s’il n’est pas possible [d’obtenir des documents du pays d’origine], la commune se fiera à la bonne foi des parents”.