POLITIQUE - Edouard Philippe va enfin cesser de jouer les intérimaires de luxe Place Beauvau. Deux semaines après la démission rocambolesque de Gérard Collomb, Emmanuel Macron a nommé Christophe Castaner ministre de l'Intérieur. Le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement était jusqu'ici délégué général de La République En Marche, un poste qu'il va devoir quitter pour prendre ses fonctions à l'Intérieur.
L'actuel président du groupe Modem à l'Assemblée, Marc Fesneau, le remplacera aux Relations avec l'Assemblée et le Sénat, le gage d'une meilleure coordination entre LREM et le parti de François Bayrou au Parlement.
Pour Christophe Castaner, cette promotion était attendue depuis plusieurs jours. "Il en rêve depuis toujours", soulignait un proche du chef de l'Etat avant le remaniement, pointant le fait que "Casta" cochait le plus de cases pour briguer la succession de Gérard Collomb, parti reprendre la mairie de Lyon. Très populaire parmi les Marcheurs, soutien indéfectible du chef de l'Etat et proche des parlementaires LREM, cet ancien socialiste présente l'avantage de ne pas faire pencher davantage l'équilibre politique du gouvernement à droite.
Pour l'accompagner dans ses fonctions stratégiques, le nouveau ministre de l'Intérieur se voit adjoint d'un secrétaire d'Etat technique en la personne de Laurent Nunez, jusqu'ici patron de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), en charge de la lutte antiterroriste. Cet ancien préfet de Marseille devrait jouer le rôle de "superflic" au sein de l'exécutif face à la délinquance et la menace terroriste.
Le nomination de Christophe Castaner pourrait entraîner un nouveau jeu de chaises musicales au sein de la majorité. Traditionnellement, même s'il y eut des exceptions, le ministre de l'Intérieur, responsable du bon déroulement des élections, ne peut diriger un parti politique.
Réélu député des Alpes-de-Haute-Provence en juin 2017, Christophe Castaner revendique une stature d'homme politique ancré dans le territoire, loin de l'image d'arrogance que renvoient parfois les élus LREM. Sympathique, blagueur et aussi gaffeur à l'occasion, cet ancien joueur de poker n'a pas tout réussi depuis l'ascension d'Emmanuel Macron.
Il a vécu un été difficile en encaissant les secousses de l'affaire Benalla. L'opposition a reproché au secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement de se tenir prudemment éloigné de l'hémicycle où l'orage grondait, se distinguant par une altercation surréaliste avec Marine Le Pen devant les journalistes à l'Assemblée. Il a été lui-même entendu devant le Sénat, au surlendemain d'une opération pour une hernie discale qui l'handicapait depuis des mois, essuyant les plâtres tant bien que mal.
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