Records de température : "Ce qui est inquiétant, c’est la persistance de la chaleur en Europe"

Records de température : "Ce qui est inquiétant, c’est la persistance de la chaleur en Europe"
Des records de chaleur ont été battus dans plusieurs villes de France ce week-end. (PHILIPPE DESMAZES/AFP)

"Ces températures sont supérieures d'environ 10 degrés aux moyennes de saison", explique Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo-France.

Par Le Nouvel Obs
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27°C à Paris, 28°C à Bordeaux, 30°C au Pays basque… Tandis que l'Aude faisait face à des inondations historiques et meurtrières (11 morts selon le dernier bilan), les températures du week-end ont été nettement supérieures aux normales de saison dans le reste de la France, et la chaleur persiste encore sur le Nord-Est. Mais doit-on se réjouir de l'été qui persiste ou s'inquiéter des effets du réchauffement climatique ? Etienne Kapikian, prévisionniste à Météo-France, explique ces pics de chaleur. 

A quel point les températures de ces derniers jours sont-elles inhabituelles pour un mois d'octobre ?

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Ces températures sont exceptionnelles pour la saison : elles sont supérieures d’environ 10 degrés aux moyennes. Des records de chaleur ont été battus dans plusieurs villes. A Paris notamment, où on a atteint les 27,2°C, du jamais-vu depuis 1872 et le début des relevés de température ! Le précédent record, 26,2°C, datait de 1921. De même à Châteauroux, où on a enregistré 29,5°C dimanche. C’est environ 12 degrés de plus que la moyenne.

Cette chaleur ne concerne pas que la France. Dans le nord de l’Allemagne aussi des records de chaleur ont été atteints. En Finlande, c’était la première fois depuis le début des relevés météorologiques que la barre des 20°C était dépassée au mois d’octobre.  

Comment expliquer cette suite de records ?

Elle provient tout d’abord d’une situation atmosphérique remarquable. Ces températures ont été mesurées dans des zones prises entre une dépression atmosphérique sur l’Atlantique Nord et un anticyclone sur le continent européen. Cela a généré un flux du sud-ouest ramenant un air chaud tropical. Mais le réchauffement global du climat accentue probablement cette vague de chaleur. Face à cette même configuration météorologique, on aurait sans doute, par le passé, mesuré des températures inférieures à celles-ci d’environ 1 degré.

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Cette différence est-elle préoccupante ?

Ce n’est pas la première fois que des pics de chaleur sont mesurés en cette saison. En 1990 par exemple, de nombreux records de chaleur avaient été battus. Le 13 octobre 2001, il faisait 27°C à Clermont-Ferrand, comme cette année. Le climat est naturellement variable, il ne faut pas l’oublier : on ne peut pas lier, sans prendre de recul, chaque pic de chaleur avec le réchauffement climatique.

Ce qui est plus inquiétant en revanche, c’est la persistance de la chaleur en Europe. Depuis avril, les relevés enregistrent une chaleur excessive, jamais observée auparavant. Et qui n’est surtout pas compensée par des pics de froid équivalents. En 2018, plusieurs records du nombre annuel de jours de chaleur [température supérieure à 25°C, NDLR] ont été battus, à Nevers et à Tour par exemple. L’absence de précipitation dans le nord du pays est un autre sujet de préoccupation. La végétation va souffrir de la sécheresse dans le Nord-Est…

La chaleur persistante est-elle en lien avec d’autres phénomènes météorologiques actuels ?

La chaleur de l’atmosphère va de pair avec celle des océans. L’augmentation de la température de l’eau pourrait favoriser à terme l’approche de phénomènes tropicaux des côtes européennes. Comme l’ouragan Leslie, qui vient de frapper les côtes portugaises. Avec une eau moins chaude, il aurait sans doute perdu en intensité avant d’y parvenir. Il y a un précédent avec la tempête tropicale Ophelia, qui s’était approchée de près des côtes irlandaises [en octobre 2017, NDLR]. Il ne s’agit cependant que d’une hypothèse, sur laquelle nous n’avons encore que peu de recul.

 Propos recueillis par Laetitia Drevet

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