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Un graffiti remet en question la date de la destruction de Pompéi

L’inscription retrouvée dans une maison prouve que la ville n’a pas été détruite par le Vésuve le 24 août 79, mais deux mois plus tard.

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Publié le 16 octobre 2018 à 18h33, modifié le 17 octobre 2018 à 08h10

Temps de Lecture 2 min.

L’inscription au charbon découverte à Pompéi qui a permis de prouver que la ville a été détruite le 24 octobre 79.

Deux petites lignes inscrites au charbon sur un mur à hauteur d’homme. Un modeste graffiti qui modifie l’histoire d’un des sites archéologiques les plus connus du monde, Pompéi, et met un terme à une vieille querelle entre érudits au sujet de la date exacte à laquelle le Vésuve, en entrant en éruption, a détruit la célèbre ville romaine ainsi que ses voisines Herculanum, Stabies et Oplontis, en l’an 79 de notre ère.

Depuis toujours, les historiens s’appuient sur une copie du texte où Pline le Jeune raconte la catastrophe à l’historien Tacite et évoque le neuvième jour avant les calendes de septembre, soit le 24 août. Les archéologues ont, de leur côté, émis de plus en plus de doutes au sujet de cette datation, les indices recueillis sur le terrain plaidant pour une éruption volcanique survenant en plein automne.

Entêtement de certains « pompéianistes »

L’inscription récemment mise au jour dans la Maison au jardin, un des édifices actuellement en cours de fouille à Pompéi, fait pencher en faveur de cette seconde hypothèse.

Présenté mardi 16 octobre à l’occasion de la visite sur place d’Alberto Bonisoli, ministre italien des biens et activités culturels, ce graffiti donne la date de son inscription : « XVI K NOV », ce qui signifie « le seizième jour avant les calendes de novembre », soit le 17 octobre. Si la ville avait été ensevelie sous les cendres du Vésuve depuis le 24 août, son auteur n’aurait pu écrire ce minuscule texte près de deux mois plus tard…

Pour la spécialiste des peintures romaines Alix Barbet, directrice de recherche honoraire au CNRS, cette découverte met un terme à un débat qui n’avait plus vraiment lieu d’être, n’eût été l’entêtement de certains « pompéianistes » à s’accrocher à la date du 24 août : « Des recherches récentes permettaient déjà d’affirmer que ce n’était pas la bonne date. On a observé beaucoup de fruits d’automne à Pompéi : noix, figues, châtaignes, pruneaux, grenades et même des sorbes qui se récoltent encore non mûres entre septembre et octobre. » Des historiens ont toutefois argué que les fruits pouvaient être d’importation ou dater de l’année précédente.

Présence de braseros

Alix Barbet met en avant un autre élément agricole important : « On a la preuve que les vendanges étaient terminées. Il y avait de la lie, ainsi que des pépins de raisin, et les grands récipients en terre cuite étaient pleins et scellés dans deux villas. Or, les textes des agronomes antiques, comme Columelle mais aussi Pline l’Ancien, précisent que les vendanges commençaient à l’équinoxe d’automne – le 21 septembre – pour se terminer au coucher des Pléiades, le 11 novembre. »

D’autres éléments indiquent une date automnale pour la catastrophe : la présence, dans les maisons pompéiennes, de nombreux braseros, pas vraiment utiles au mois d’août, ou les gros vêtements que portaient certains habitants.

Reste à comprendre d’où provient l’erreur initiale et à savoir à quelle date exacte le Vésuve est réellement entré en éruption. La réponse se trouve probablement dans… le texte de Pline le Jeune. Ainsi que l’explique Alix Barbet, « des épigraphistes ont, ces dernières années, ressorti d’autres copies de sa lettre à Tacite dont certaines mentionnent le neuvième jour avant les calendes de novembre et non pas celles de septembre ».

Quelque part, au Moyen Age, un copiste s’est probablement trompé dans la date, et son erreur s’est répercutée jusqu’à notre début de troisième millénaire… Pompéi a donc été ensevelie sous les cendres le 24 octobre 79 et non pas le 24 août, et c’est la semaine prochaine que la ville antique célébrera le 1 939e anniversaire de sa destruction.

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