Kafka, auteur consumé par l'écriture

À l'occasion de la sortie en Pléiade d'une nouvelle traduction des œuvres complètes de  Franz Kafka, Jean-Pierre Lefebvre, qui a dirigé cette publication, est l’invité dans "La Compagnie des œuvres", de ce deuxième épisode consacré à l’écrivain de l'étrangeté.

Faut-il brûler Kafka ?

La question provocante posée par Pierre Fauchery en 1946 nous renvoie à celle de l’écrivain et de son rapport tumultueux à ses propres livres. L’écriture consumait l’auteur.  Kafka a voué sa vie à l’écriture de textes qu’il a, pour certains, volontairement détruits lors de grands autodafés.

L'écrivain publie peu de son vivant et lorsqu'il meurt en 1924, il demande à son ami et exécuteur testamentaire, Max Brod, de détruire tous ses manuscrits inachevés. Ce dernier, après de longues hésitations, décide de passer outre et nous devons à cette décision Le Procès, Le Château et tant d'autres chefs-d'œuvre.

Les écrits de Kafka, une "montagne de papiers"

L'introduction de cette nouvelle édition le rappelle, l'œuvre de Kafka aurait pu en effet disparaître. Il n'est pas facile d'expliquer la démarche de l'écrivain : voulait-t-il supprimer ce qu'il estimait raté, sans valeur, des écrits trop personnels qu’il ne souhaitait pas voir publiés ?

Selon Jean-Pierre Lefebvre cette œuvre colossale n'était pas vraiment constituée avant la mort de l'auteur, elle se présentait plutôt comme "une montagne de papiers" composée de textes parus dans des revues et de documents posthumes. Subsistait également un ensemble de documents qu'il avait écrits puis abandonnés avec l'intention d'y revenir parfois, ou considérant que l'idée n'était pas encore mature et devait être développée différemment.

Toutefois, l'éditeur l'affirme, la démarche de Kafka en tant qu'écrivain exceptionnel justifie la reconnaissance de ces textes comme une œuvre, d'où leur publication y compris dans des livres d'allure précieuse comme ceux de la Pléiade.

• À 15 h 30, , la chronique littéraire est présentée par Georges-Marc Habib de la librairie l'Atelier à Paris.
• À 15 h 55, Jacques Bonnaffé poursuit sa lecture du poète marocain, Abtellatif Laâbi.
• Musique générique : Panama, de The Avener (Capitol) fin : Dwaal, de Holy Stays (Something in Construction).
• Musique chronique : Self portrait de Chilly Gonzales (Gentle threat).