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GEO : Comment vous êtes-vous approché des rhinopithèques et comment avez-vous réalisé cette prise de vue ?
Marsel van Oosten : J’ai pris ce cliché en août 2016. Le temps était couvert, mais le soleil perçait de temps à autre, des conditions idéales pour la prise de vue ! Comme il s’agissait d’une espèce que je n'avais jamais photographiée auparavant, il m’a fallu prendre le temps de les observer et de comprendre leur comportement. C’est essentiel pour pouvoir anticiper ce qu'ils vont faire.
Des chercheurs locaux étudient ce groupe de singes depuis plusieurs années dans son habitat naturel, les monts Qinling, au cœur de la Chine. Les animaux se sont donc habitués aux hommes et n’ont plus peur. Avec l’aide des chercheurs, j'ai pu suivre les singes alors qu'ils traversaient la forêt. Au bout d'un moment, ils se sont habitués à ma présence et j'ai pu photographier leur comportement naturel.
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Techniquement, comment avez-vous choisi le cadrage ?
Pour cette prise de vue, j'ai utilisé un objectif moyen grand angle d'une courte distance. Les mâles ont de très longs poils dorés sur le dos. Il me fallait donc un angle permettant de voir le dos de l'un des mâles, mais aussi son visage. Ils peuvent se montrer très agités, il a donc fallu beaucoup de temps avant d'en saisir un dans l'endroit parfait, avec la pose parfaite. J'ai choisi un cadre relativement large pour montrer l'habitat avec sa végétation luxuriante et ses verts vibrants, ainsi que la texture riche des rochers.
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Qu’est-ce qui vous a poussé à vous intéresser à cette espèce en particulier ?
J’avais l’intention de visiter la Chine pour photographier des paysages mais j'étais aussi curieux de savoir quelle faune j’allais rencontrer. Ces singes à nez retroussé ne sont pas seulement une espèce en voie de disparition, ils sont extrêmement beaux et totalement inconnus du grand public. L'UICN a classé ces majestueux animaux "en danger", car il ne reste que 3 800 individus à l’état sauvage. La plupart des gens n'ont jamais vu ces créatures et la prise de conscience est un premier pas essentiel vers la conservation réussie de toute espèce. C'est pourquoi je pense qu'il est important de montrer ces images au monde.
Quelles sont les menaces qui pèsent sur ces singes ?
Comme souvent, la principale menace sur les espèces est la perte d'habitat. Les lichens constituent l’aliment de base du régime du rhinopithèque et les arbres morts sont ceux qui portent le plus de lichens. Malheureusement, les hommes ramassent ces arbres morts, ce qui réduit à la fois l’habitat et l’accès à la nourriture.
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Peut-on enrayer la disparition des espèces selon vous ?
Je suis réaliste, donc pessimiste. Tout au long de notre histoire, l’humanité a montré que nous attendions souvent qu’il soit trop tard. Les gens savent que certains animaux sont menacés d'extinction, mais ils ne connaissent que la mégafaune charismatique : rhinocéros, tigres, ours polaires, gorilles, etc
Pourtant, il y a des centaines d'autres espèces totalement inconnues des gens et qui peinent à attirer l’attention. Il sera donc beaucoup plus difficile de sauver ces espèces de la disparition. Malgré les preuves scientifiques accablantes, de nombreuses personnes ne croient toujours pas au changement climatique, ni au fait que nous en sommes la cause principale. Dire que je suis inquiet serait donc un euphémisme. Par ailleurs, l’humanité s’est souvent révélée extrêmement intelligente lorsqu’elle doit survivre, il y a donc encore de l’espoir.
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Avez-vous une anecdote marquante liée à cette image ?
Il existe une structure hiérarchique solide au sein d’un groupe et les combats entre mâles sont souvent brefs, mais intenses. Chaque fois que cela se produit, tous les singes lèvent les yeux pour voir ce qui se passe et s’ils doivent fuir ou protéger leurs bébés. Lorsque j'ai pris cette photo, une bagarre avait lieu un peu plus loin dans la forêt, ce qui a poussé ces deux singes à regarder en l’air. C’est dommage que vous n’ayez pas de son avec l’image, car ces singes produisent des petits cris. Très souvent, je riais tout en appuyant sur le déclencheur !
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