Documentaire : l'avortement raconté par les hommes

Dans ce documentaire de Coline Grando, cinq hommes racontent une expérience de grossesse non désirée et souvent interrompue. Tous ont souffert de n'en avoir jamais parlé à personne, ou presque.  - CVB (Centre Vidéo de Bruxelles) / Andana Films
Dans ce documentaire de Coline Grando, cinq hommes racontent une expérience de grossesse non désirée et souvent interrompue. Tous ont souffert de n'en avoir jamais parlé à personne, ou presque. - CVB (Centre Vidéo de Bruxelles) / Andana Films
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Dans ce documentaire de Coline Grando, cinq hommes racontent une expérience de grossesse non désirée et souvent interrompue. Tous ont souffert de n'en avoir jamais parlé à personne, ou presque. - CVB (Centre Vidéo de Bruxelles) / Andana Films
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"La place de l'homme" : un film à voir gratuitement sur Tënk. Des hommes se confient face à la caméra. Ils ont été confrontés à une grossesse non prévue et le plus souvent interrompue. À travers ces récits de vie, c’est la place de l’homme dans les rapports femmes - hommes qui est interrogée.

Voilà un film très simple, mais très puissant. Le dispositif confine au dépouillement total : une chaise, un fond blanc et une caméra, devant laquelle se succèdent des hommes, pendant une heure. Que des hommes. Ils sont cinq, ils ont entre 20 et 40 ans. Leur point commun est d’avoir été confrontés, dans leur couple, à une grossesse non désirée. Dans la plupart des cas, cette grossesse a été interrompue. « La place de l’homme » de Coline Grando, est disponible gratuitement sur Tënk jusqu'au 23 octobre (cliquez ici pour voir le film). 

Une parole masculine rare, presque taboue

Ces hommes racontent comment ils ont vécu cette expérience. L’idée n’est pas de dire que l’avortement les a traumatisés, loin de là, mais de montrer ce qu’ils ont ressenti. Un jeune homme, par exemple, s’est senti exclu, au planning familial quand il accompagné sa copine pour une IVG. Évidemment, ce panel n’a rien de représentatif, il ne s’agit pas d’en tirer des conclusions générales, chaque situation est différente. Mais ces hommes se dévoilent avec une grande sincérité. Notamment celui qui a réalisé, longtemps après, que sa compagne ne voulait pas avorter : il l’a poussée à faire ce qu’elle ne voulait pas. 

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Responsabiliser les hommes sur la contraception

En écoutant ces hommes, je repensais à un slogan féministe : « pas d’utérus, pas d’opinion ». L’avis des hommes sur l’IVG n’est pas intéressant, puisqu’ils ne sont pas concernés. Voilà l’ambiguïté que ce film interroge, avec beaucoup de subtilité. Comment l’homme peut-il trouver sa place en respectant le droit des femmes à disposer de leur corps ? Ce documentaire, c’est important, ne remet pas du tout en cause le droit à l’avortement. Que se passe-t-il quand un homme est obligé d’accepter une paternité dont il ne voulait pas, ou quand au contraire il refuse ? A travers ces récits, on réfléchit à la place de l’homme dans les rapports homme-femme. Et à son implication dans la contraception : il y a encore du boulot, sans doute, pour responsabiliser les hommes en la matière. 

Ce film n’a rien de spectaculaire, ce sont juste des hommes qui se livrent, face à la caméra. Mais on perçoit dans leurs silences, dans leur regard, dans la façon qu’ils ont de triturer leur jean ou la manche de leur pull, à quel point ils ont souffert de ne pas parler de tout cela. Les corps parlent. Cela en dit long sur les injonctions qui pèsent sur les hommes, sur les stéréotypes associés à la masculinité. Cette parole-là, aussi, doit se libérer. À ce titre, ce film de Coline Grando, jeune cinéaste française fraîchement diplômée d’une école de cinéma belge) est très précieux.  

« La place de l’homme » (58 minutes) : documentaire de Coline Grando, disponible gratuitement sur Tënk jusqu'au 23 octobre, en partenariat avec France Inter. 

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