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Le tableau qui fait tache à la Maison Blanche

L’apparition d’un tableau kitsch derrière le président Donald Trump, dimanche, relance la question de ses relations difficiles avec l’art.

Publié le 16 octobre 2018 à 16h51, modifié le 17 octobre 2018 à 08h01 Temps de Lecture 9 min.

La peinture d’Andy Thomas est apparue au détour de l’interview accordée par le président à l’émission « 60 minutes », dimanche, sur CBS.

Donald Trump a une relation « compliquée » avec l’art et les images. Il suffit de se souvenir du faux Renoir accroché dans son jet, des fausses « unes » de Time accrochées dans ses différents golfs, en Floride, en Ecosse ou ailleurs. On continue ? En janvier, il avait demandé au musée Guggenheim, à New York, de lui prêter Paysage dans la neige, de Vincent Van Gogh, pour égayer la Maison Blanche, qu’il ne trouve pas à son goût. L’institution new-yorkaise l’avait éconduit et lui avait proposé, à la place, America, une sculpture de toilettes en or, de Maurizio Cattelan.

Mais Donald Trump peut compter sur ses amis : Darrell Issa, élu républicain de Californie à la Chambre des représentants, lui a offert The Republican Club, une toile – très kitsch – peinte par Andy Thomas, 61 ans, un artiste qui réside à Carthage, dans le Missouri.

Elle est apparue au détour de l’interview accordée par le président à l’émission « 60 minutes », dimanche 14 octobre, sur CBS. Les réseaux sociaux s’en sont emparés pour railler les goûts du président, qui, d’ailleurs, n’a qu’une copie laser de l’original, qui se trouve dans le bureau du peintre.

Au même niveau que les autres présidents républicains

A sa façon, ce tableau représente Donald Trump sur un pied d’égalité avec les présidents républicains les plus mémorables, autour d’une table : Abraham Lincoln, Theodore Roosevelt, Dwight D. Eisenhower, Richard Nixon – hilare –, Gerald Ford, Ronald Reagan, George H. W. Bush et George W. Bush. Que font-ils ensemble ? Que se disent-ils ? Dans le Washington Post, l’artiste, spécialisé dans les peintures inspirées par l’Ouest américain, cite Frederic Remington et Charles Marion Russell, Howard Pyle ou Norman Rockwell comme ses influences, et précise : « Ce qui est drôle, c’est que nous ne savons pas comment ils s’entendraient. Ce n’est pas parce qu’ils sont tous républicains qu’ils s’aiment vraiment. »

Sur CNN, le peintre ajoute que le président, entouré du vice-président, Mike Pence, et de Darrell Issa l’a appelé il y a quelques semaines, pour le remercier, affirmant qu’il n’aimait pas la plupart des portraits faits de lui. Comment ne pas acquiescer ? « C’est vrai, il n’est pas facile à peindre et il y a plein de tableaux assez laids », note le peintre.

Andy Thomas explique à Time que le plus compliqué est de reproduire le sourire des présidents. Certains « ont la banane » naturellement, comme Ronald Reagan, Dwight Eisenhower, John F. Kennedy ou Barack Obama ; d’autres, comme Trump, n’arrivent pas à se départir de leur sourire de campagne, plus forcé.

Pour celui de l’actuel président, Andy Thomas a regardé des milliers de photographies. L’artiste reconnaît qu’il essaie d’être gentil avec ses modèles : en plus du sourire charmeur, il leur enlève les kilos superflus. Il épargne même Richard Nixon, même si dans une première version de The Republican Club, il reconnaît qu’il lui avait « donné un petit air paranoïaque, cachant ses cartes ». Pour la peinture avec Donald Trump, on peut juste lui reprocher d’avoir boudé son tube de peinture orange.

Pas de message politique… quoique

Andy Thomas ne fait pas de politique avec ses peintures. Depuis 2008, il a peint The Grand Ol’ Gang, représentant les présidents républicains jouant au poker, puis Callin’ The Red, avec les présidents démocrates jouant au billard. En 2016, il expliquait à Time que ses deux présidents favoris étaient Ronald Reagan et Bill Clinton et il se définissait comme proche de Rand Paul, sénateur républicain de sensibilité libertarienne, figure du Tea Party.

Certains ont remarqué une présence féminine dans la peinture. En mars, M. Thomas expliquait à Time avoir voulu ajouter une touche féministe à ses œuvres : une femme aux traits encore indiscernables s’approche de la table des présidents. Pour l’artiste, « elle représente la première présidente républicaine ou démocrate… Elle sera la première présidente et elle vient prendre sa place à la table ». Il précisait alors que sa fille Jenny l’avait inspiré : « Elle ferait ça. Elle irait directement s’asseoir à la table. »

Loin de la Maison Blanche d’Obama

Les fins gourmets auront également remarqué que Donald Trump est toujours aussi amateur de junk food : à droite, sur une étagère trône un pot de… bonbons Starbust.

Donald Trump reste ainsi fidèle à sa stratégie de rupture avec son prédécesseur, qui avait choisi, pour décorer son bureau, un tableau abstrait de Nicolas de Staël, et qui, selon la légende, mangeait sept amandes, le soir, avant de se coucher.

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