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Elevages de poules en cage : une nouvelle vidéo accablante

Capture d'écran de la vidéo.
Capture d'écran de la vidéo. © L214
Anne-Cécile Beaudoin , Mis à jour le

L’association L214 dénonce le calvaire des poules élevées en batterie dans un établissement situé dans l’Essonne. L’entreprise produit des œufs pour le groupe Avril.

 Un hangar. Une lumière artificielle. Des cages collectives à perte de vue dans lesquelles sont entassées 150 000 poules. Elles y resteront pendant 1 an, sur un sol grillagé, avec pour seul espace l’équivalent d’à peine plus qu’une feuille A4, sans pouvoir exercer leurs fonctions vitales : gratter l’herbe, prendre un bain de sable, s’occuper de leurs petits. Puis elles partiront à l’abattoir. En attendant, il faut pondre. Quand ces poules étaient poussins, on leur a coupé le bec. On appelle ça l’ébecquage. Objectif : éviter plus tard qu’elles se piquent entre elles. Dans la promiscuité des cages, cette mutilation n’empêche pas les animaux de s’agresser. Certains sont déplumés, d’autres meurent d’épuisement, de stress, et se décomposent au milieu de leurs congénères.

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La nouvelle enquête diffusée par l’association L214 montre une fois de plus l’enfer de l’élevage intensif . La vidéo a été réalisée en septembre dernier, dans un établissement situé près de Forges-les-Bains (Essonne), qui fournit le groupe Avril. Ce dernier produit et commercialise des oeufs pour les grandes surfaces, dont une partie sous la marque Matines, et élabore, à travers l'activité d'Ovoteam, des produits à base d'œufs (ovoproduits) destinés à la restauration collective et à l'industrie agroalimentaire.

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Afin de répondre aux attentes des consommateurs -90% des français sont favorables à l’interdiction de l’élevage en cage- et s’inscrire dans la logique des engagements pris par la grande distribution, Avril a annoncé le 4 octobre dernier que sa marque Matines cesserait de distribuer des œufs de batterie d’ici 2025. Cette promesse s’accompagne d’un partenariat signé avec CIWF, une organisation non gouvernementale dédiée au bien-être des animaux d’élevage. « Cet engagement exclut cependant plusieurs centaines de millions d’œufs destinés à l’industrie agroalimentaire ou à la restauration, sous forme liquide ou en poudre, et pour lesquels le consommateur ne dispose d’aucune traçabilité quant au mode d’élevage, souligne L214. Plusieurs mastodontes du secteur, concurrents directs d’Avril tels que l’Oeuf de nos Villages, les groupes D’aucy ou Dauphinoise ont pourtant pris cette décision pour l’ensemble de leur production. »

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La vidéo 

Contacté par Paris Match, David Cassin, le directeur Qualité et Développement chez Avril n’a pas souhaité répondre à nos questions, mais un proche du groupe confie : « des audits ont été réalisés dans tous nos élevages (370 pour l’œuf de consommation et autour de 400 pour les ovoproduits). Des plans de progrès ont été identifiés sur certains, l’établissement mis en cause par L214 n’a jamais posé problème. La transformation vers le hors-cage est une évidence pour tout le monde, mais cela prend du temps. Le changement doit se construire avec les filières alors que les éleveurs sont endettés depuis les nouvelles normes décrétées en 2012. La société bouge, les acteurs aussi. Mais tout le monde ne va pas au même rythme.»

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Selon les chiffres publiés le 9 octobre par le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), les ventes d’œufs de poules élevées en cage ont chuté de 4,1% sur les neuf premiers mois de l’année. Les œufs de poules élevées au sol ont enregistré une hausse de 7,2%, ceux de plein air ont augmenté de 7,7 % et ceux en bio de 3,7 %. Les modes de production alternatifs sont également en hausse du côté des professionnels de la restauration et de l’agroalimentaire. Si les produits standards restent majoritaires avec 73 % des œufs utilisés, ils ont perdu 12 points en cinq ans et quatre points en un an. Le hors-cage étant devenu la norme pour les consommateurs, la filière s’est fixée pour objectif qu’une poule sur deux devra être élevée en alternatif d’ici à 2022, nécessitant un investissement de 277 millions d’euros. 

Pour inciter Avril à accélérer le pas, L214 se rendra en délégation, ce jeudi, au pied de la Tour Montparnasse de 12h à 14h, à proximité des bureaux du groupe. L’association lance également une campagne et une pétition afin d’appeler l’entreprise à étendre son engagement aux « œufs cachés ».

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