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La France est-elle à l'abri du scandale des matelas radioactifs ?

VIDÉO - Une entreprise coréenne spécialisée en literie est accusée d'avoir incorporé de la monazite, un sable radioactif, dans ses matelas. Ces derniers étaient censés libérer des ions négatifs prétendument bénéfiques pour la santé. Le démantèlement de 69.000 produits incriminés se termine cette semaine.

Stupeur dans les chambres à coucher. Le scandale arrive en mai dernier, par une mère de famille coréenne pointilleuse sur la qualité de l'air intérieur. Elle relève un taux de radon, un gaz radioactif, très élevé dans sa chambre et alerte la presse locale. Réaction en chaîne: un fabricant de matelas, Daijin Bed, est montré du doigt. Le rappel des derniers lots des 69.000 matelas incriminés vers la ville de Cheonan où se situent les locaux de la firme se termine seulement cette semaine, plus de 5 mois après le début de la crise.

Les analyses ont prouvé que le fabricant utilisait de la monazite, un sable radioactif extrait en Inde, à Madagascar ou au Brésil, qui contient de l'uranium et du thorium. Celui-ci était ajouté dans le revêtement des matelas promettant la libération «d'ions négatifs», une technologie censée lutter contre le stress, renforcer le système immunitaire et améliorer le sommeil. Un argument marketing en vogue en Asie, mais aux bénéfices scientifiquement non-démontrés. Les utilisateurs courraient surtout un vrai danger: la dose maximale de radiations admise pour le grand public d'un millisievert par an était multipliée par 9,35 pour certains matelas. Ils exposaient les utilisateurs à une quantité élevée de radon et thoron, deux gaz radioactifs et à des risques accrus de cancer du poumon à long terme. Une action en justice entammée par clients lésés se poursuit. «Il faut être vigilants avec les objets qui sont vendus comme émettant des ions négatifs, prévient Bruno Chareyron, ingénieur en physique nucléaire à la Criirad, association antinucléaire d'information sur la radioactivité. Dans certains cas, ces ions sont produits par des matières radioactives, nous l'avions déjà constaté par exemple sur des pendentifs, disques énergétiques, autocollants antiradiation et aussi certaines fibres textiles.».

D'autres entreprises coréennes de literie sont aussi épinglées ou organisent elles-mêmes des rappels de produits, comme des taies d'oreillers du fabricant Kanuda ou des matelas des société Enex Co. et Sungji Bed. Dans la foulée à Taïwan, en septembre dernier, on découvre aussi que trois entreprises dépassaient les seuils autorisés.

● Des matelas asiatiques «à ions négatifs» ont-ils pu être importés en France?

Non, aucun de ces produits n'aurait été importé en France ou en Union européenne selon les douanes, contactée par Le Figaro. La réglementation est claire: les produits qui ont bénéficié d'un ajout de radionucléides sont strictement prohibés. Des contrôles peuvent être effectué en appui avec l'ASN (autorité de sûreté nucléaire) et l'IRSN, l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire. Ce dernier a d'ailleurs bien été averti par l'ONS dès le mois de mai sur le scandale coréen. «Nous avons été surpris, comme beaucoup de collègues dans de nombreux pays. Nous ne connaissions pas cette utilisation de la monazite», pointe Alain Rannou, directeur adjoint santé au sein de l'organisme.» Il ajoute que «le fait d'être exposé à ce radon est injustifié», mais relativise les dangers: «L'exposition à ce gaz est connue comme cancérogène mais le risque est lié à la durée de l'exposition. Il peut y avoir un risque pour une concentration de 200 becquerels par m3 pendant 30 ans. Reste que le fait de dormir une année dans des pièces où il y aurait quelques dizaines de becquerels par m3 n'est pas un sujet de préoccupation majeur».

● Faut-il se méfier quand on achète des matelas à «ions négatifs»?

Il faut a minima se poser la question de la composition. Sur Internet, il est très facile de trouver des matelas «à ions négatifs» venus d'Asie sur des plateformes d'e-commerce, tout comme d'autres produits (pendentifs...).Le manque d'information sur leur composition et leur fabrication est criant. «C'est par la vigilance des consommateurs que l'on va progresser, indique Bruno Chareyron. Il faut informer les citoyens».

Les «ions négatifs» ne sont pas toujours synonymes de risque radioactif, notamment quand ils sont formés par une source électrique. L'utilisation de purificateurs d'air par exemple ne présente pas de danger. Pas de problème avéré non plus - a priori - quand des charbons d'origines végétales sont utilisés dans les matelas, comme le promettent certains professionnels, grâce au charbon de bambou. En revanche, quand il n'y a aucune information sur la composition ou que les biens sont créés à base de minéraux indéterminés, le doute est permis. «La première chose à faire c'est d'interroger le fabricant. Il faut lui demander comment sont produits les ions», poursuit l'ingénieur de la Criirad.

La France est-elle à l'abri du scandale des matelas radioactifs ?

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123 commentaires
  • Gabriel Caillaut 1

    le

    Les coréens fantasment beaucoup sur les ions négatifs et leurs supposés bienfaits. Ils en mettent même dans les clims des voitures.

  • bzzz15

    le

    Nous on préfère les remblais radioactifs. Ça permet d'en étaler partout sous les routes, les parkings de stade,...

  • Bridgi

    le

    oui la France est à l'abri, c'est un pays fantastique qui ne craint rien, les français sont en sécurité de A à Z .......... c'est pour cette raison que tout le monde vient chez nous !!!!

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