Une nouvelle prouesse chirurgicale au CHU de Toulouse

  • Le Dr Nicolas Doumerc est chirurgien urologue, expert en chirurgie robotique.
    Le Dr Nicolas Doumerc est chirurgien urologue, expert en chirurgie robotique. Photo DDM Thierry Bordas
Publié le , mis à jour
E.Rey

Une équipe du CHU de Toulouse a réalisé un geste chirurgical inédit pour réparer l'uretère d'une patiente. Celle-ci a bénéficié d'une auto-transplantation rénale à ventre fermé.

La chirurgie robotique n'a certainement pas fini de nous étonner. En février dernier, à l'hôpital Rangueil, l'équipe d'urologie, andrologie et transplantation rénale du CHU de Toulouse a réalisé une intervention inédite en Europe et rare dans le monde (seulement deux publications scientifiques au Canada et aux Etats-Unis). Une patiente de 29 ans, gravement blessée lors d'un accident de la route, a pu bénéficier d'une réparation de son uretère (canal du système urinaire qui conduit l'urine du rein vers la vessie) par une opération à ventre fermé.

Pour cette première, le chirurgien urologue Nicolas Doumerc a effectué, sous assistance robotique, une auto-transplantation rénale sans ouvrir l'abdomen de la jeune femme. «L'intervention classique pour la réparation de l'uretère consiste à remplacer la partie endommagée avec un morceau de l'intestin grêle. Cette opération n'est pas sans conséquences (les sécrétions de l'intestin peuvent entraîner des infections dans les urines, les coutures peuvent céder ou se rétrécir) mais, surtout, elle était impossible dans le cas de notre patiente à qui on avait enlevé 90 % de l'intestin grêle après son traumatisme initial. Nous pouvions enlever un rein, mais notre rôle est aussi de préserver au maximum les organes dans une optique de long terme chez une patiente jeune. Restait la solution de l'auto-transplantation rénale : on prélève le rein et on le déplace au plus près de la vessie en procédant comme dans une transplantation classique. Or, cette personne avait déjà subi trois ouvertures abdominales, elle n'en voulait plus et les risques de complication étaient plus grands», explique le Dr Nicolas Doumerc.

Six petites incisions

L'urologue plonge alors dans la littérature scientifique pour étudier deux cas réalisés en chirurgie mini-invasive. «Nous avions l'expérience de la transplantation par voie robotique au CHU de Toulouse. Mais ce qui est innovant dans notre geste c'est le retrait du rein, son rinçage — indispensable pour éviter toute toxicité- et la transplantation, tout ça à ventre fermé avec six petites incisions ». La patiente a pu remarcher le lendemain et quitter l'hôpital au bout de trois jours avec une fonction rénale tout à fait normale.

Pour le chirurgien cette intervention ouvre de nouvelles perspectives. «Cet exemple va nous permettre de réfléchir à de nouvelles indications de la chirurgie robotique comme les reconstructions de certaines structures anatomiques», conclut Nicolas Doumerc.


Charlotte peut vivre avec ses 2 reins

Charlotte vient de fêter ses 30 ans, comme si elle en avait toujours 29. «L'année dernière, j'étais dans le coma pour mon anniversaire. C'est parfois difficile de réaliser que j'ai maintenant 30 ans», s'amuse presque la jeune femme.

Au début du mois d'octobre 2017, Charlotte, passagère arrière d'une voiture, est victime d'un terrible accident de la route. Secourue et opérée à Tarbes (Centre hospitalier de Bigorre) avec un pronostic vital engagé, elle souffre -notamment- d'un traumatisme abdominal d'une grande gravité (hémorragie interne, ablation d'une grande partie de l'intestin et délabrement important de la paroi abdominale) qui conduit les médecins à intervenir par trois laparotomies (ouverture de l'abdomen) dont deux en urgence. La patiente est transférée à Rangueil (CHU Toulouse) dans un deuxième temps. «Mon uretère était cassé, il fallait réfléchir à la suite. Je suis sortie de l'hôpital avec une néphrostomie (une sonde reliée à une poche de recueil des urines). Je l'ai gardée quatre longs, très longs mois… Le quotidien était compliqué, je devais faire attention pour m'habiller alors que j'avais, déjà, la contrainte du corset. Ma seule obsession était de me débarrasser de ma néphrostomie», raconte Charlotte.

Lorsque le chirurgien, le Dr Nicolas Doumerc, la contacte pour prévoir une intervention chirurgicale, il lui explique qu'il envisage une auto-transplantation rénale ventre fermé. «Je lui ai fait confiance les yeux fermés. J'avais déjà un mètre de cicatrices sur le ventre. Je n'en voulais pas 40 cm de plus, mon ventre allait ressembler à une autoroute… Cette opération a représenté beaucoup de stress dans mon entourage, mais, pour moi, c'est un moment libérateur !»

«Au départ, avoir mes deux reins fonctionnels importait peu. Je ne voulais plus de cette néphrostomie, un point c'est tout. Aujourd'hui, avec du recul, je suis très contente. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve, je suis donc ravie de vivre avec mes deux reins fonctionnels, je peux poursuivre ma reconstruction».

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Les commentaires (23)
citoyenne Il y a 5 années Le 19/10/2018 à 13:41

Bravo à l'équipe d'urologie et d'andrologie de Rangueil !
Des médecins et chirurgiens humains, à l'écoute de leurs patients et d'une extraordinaire compétence, pour avoir eu faire avec eux, merci pour tout !

contribuable46 Il y a 5 années Le 19/10/2018 à 13:24

CHU RANGUEIL (Toulouse) Meilleur Hôpital de France depuis plusieurs années....

Et la Télévision parle d'un Fraudeur Fiscal dont la Veuve aime l'oseille ...
Messieurs les Parisiens...nous n'avons pas les mêmes valeurs !

volta Il y a 5 années Le 19/10/2018 à 08:17

Un énorme merci au chirurgien et à son équipe. Et bravo aussi à Charlotte pour son courage et sa ténacité. On lui souhaite une longue et belle seconde vie.