La vraie 5G en France, pas avant 2025
Selon une étude de Xerfi, la 5G, qui sera déployée en France en 2020, ne serait qu’une version "édulcorée" destinée à désengorger les réseaux des opérateurs. La vraie 5G, censée ouvrir de nouveaux usages grand public et de nouvelles applications d’Internet des objets, ne verrait pas le jour avant 2025.
L’effervescence autour de la prochaine génération de mobiles 5G monte. Après le lancement outre-Atlantique par Verizon du premier service au monde, les déploiements commerciaux vont s’enchaîner aux Etats-Unis, en Australie, en Corée du Sud et en Europe. En France, 22 expérimentations sont recensées par Xerfi en juillet 2018. Les premières offres commerciales sont attendues au courant de 2020.
Priorité: désengorger les réseaux
Mais selon une étude de Xerfi, il ne s’agira, dans un premier temps, que d’une version "édulcorée" de la 5G, reposant sur un cœur de réseau 4G. La priorité pour les opérateurs mobiles est d’absorber l’explosion du trafic sans augmentation des coûts. Cette première version exploitera l’efficacité de la 5G, 10 fois supérieure à celle de la 4G selon Ericsson, pour désengorger les réseaux notamment dans les agglomérations où le trafic connait la plus forte croissance. Son intérêt ne sera pas du tout visible par le grand public.
Selon Xerfi, la vraie 5G, s’appuyant sur une infrastructure de cœur de réseau dédiée, ne devrait pas voir le jour avant 2025, et il faudrait patienter jusqu’en 2030 pour la voir offrir une couverture nationale du territoire. C’est cette version aboutie qui promet d’ouvrir des usages immersifs (jeux vidéo, réalité virtuelle et augmentée…) dans le grand public et des applications critiques d’Internet des objets dans le monde professionnel comme la voiture connectée, la télémédecine ou la télérobotique dans les usines.
Les obstacles sont d’abord financiers. Les opérateurs mobiles devront, non seulement revoir le cœur de leurs réseaux, mais aussi tripler le nombre d’antennes. Une tâche compliquée car les riverains s’opposent à l’installation d’antennes. D’autant que le passage à des fréquences à ondes millimétriques pourrait faire revenir sur le devant de la scène la question de nocivité des ondes émises par ces pylônes.
Modèle économique en question
La couverture à 100% de l’Europe nécessite un investissement de 500 milliards d’euros. Un fardeau trop lourd pour les opérateurs mobiles affaiblis par plusieurs années consécutives d’érosion des revenus. Et pas sûr que le retour soit au rendez-vous. Le modèle économique de la 5G reste à inventer.
Les opérateurs mobiles sont d’autant moins pressés d’investir que la 5G risque de bouleverser le paysage des télécoms. Des industriels comme la RATP, la SNCF, Air France, Aéroports de Paris, Veolia, Engie, Vinci, Renault ou PSA pourraient de se transformer en opérateurs privés. Ainsi, ils n’auraient pas à passer par les opérateurs de réseaux publics pour leurs applications critiques d’Internet des objets. L’autre menace pourrait venir des géants d’Internet comme Google ou Facebook. Ils investissent déjà à tour de bras dans leurs propres réseaux sur terre, dans les océans et dans le ciel. Ils pourraient être tentés d’étendre leurs prétentions aux réseaux mobiles.
En France, le gouvernement a annoncé en juillet 2018 sa feuille de route sur la 5G. Mais l’Hexagone prend du retard par rapport aux voisins européens. Il devient urgent d’accélérer, estime Xerfi.
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