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CO₂, pollution de l’air, bruit… Des outils pour évaluer l’impact de son futur véhicule

Plus de 2,3 millions de voitures neuves ont été vendues en France en 2017. Shutterstock

À l’occasion du dernier Mondial de l’auto, qui a fermé ses portes le 14 octobre à Paris, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) a rendu public un ensemble d’informations autour du marché de la voiture neuve en France et des problématiques de la mobilité dans le contexte du changement climatique. En France, près de 81 % des foyers français possèdent une voiture ; plus d’un foyer sur trois, deux voitures ou plus

L’étude « Évolution du marché, caractéristiques environnementales et techniques, véhicules particuliers neufs vendus en France » présente ainsi les principaux chiffres clés des véhicules achetés en 2017, les palmarès et classements des véhicules neufs à la vente en 2018 ainsi que les évolutions techniques du parc depuis un an. Tous les chiffres présentés dans cet article sont extraits de ces documents. Et plusieurs d’entre eux livrent des pistes d’analyse qui vont à l’encontre de certaines idées reçues.

Ademe, CC BY-NC-ND

L’essence détrône le diesel, l’électrique progresse

Les ventes de véhicules particuliers – avec 2 304 119 unités – ont connu une forte progression en 2017 (+13,7 %). C’est la 4e année consécutive de hausse. Les ventes ont atteint un niveau record, battant le précédent de 2009. Plus globalement, la taille du parc roulant est en forte croissance, passant de 24 millions de véhicules particuliers en 1990 à près de 32 millions sur 2017. Cette évolution a contribué à la hausse des émissions de gaz à effet de serre et polluants en France.

Pour la première fois depuis 2001, le nombre de véhicules neufs essence vendus (avec 1 098 485 d’unités) dépasse celui des voitures diesel. Depuis cinq ans, on observe chaque année une baisse des ventes pour ces véhicules. En 2017, le taux de diésélisation est même passé en dessous de 50 % (1 085 825 d’unités vendues). Cette tendance s’explique en grande partie par le succès constant des véhicules de petite taille.

Cependant, une tendance générale à l’augmentation moyenne de la puissance et du poids des véhicules est observée sur le marché des véhicules neufs. Le poids moyen des véhicules a augmenté de plus de 25 % ces 25 dernières années, avec une incidence directe sur les émissions de gaz à effet de serre et polluants. L’idée que les véhicules les plus chers sont les plus polluants est une fausse idée. En revanche, plus ils sont lourds et équipés (et de plus en plus, suréquipés), plus ils sont polluants.

À l’achat et à l’utilisation, les petites voitures sont non seulement moins chères, mais elles polluent aussi bien moins et évitent d’augmenter trop fortement les coûts collectifs et indirects de la voiture individuelle.

Plus récemment, le durcissement de la fiscalité liée au diesel, qui s’est traduit par la suppression du bonus pour ces véhicules et l’alignement de la fiscalité du gazole sur l’essence, ont contribué à la baisse des ventes de véhicules diesel.

Répartition des ventes de voitures neuves en France en 2017. Ademe, CC BY-NC-ND

En 2017, le marché des véhicules dits « environnementalement performants » a montré un très fort dynamisme : les véhicules hybrides rechargeables (13 458 unités) ont vu leurs ventes augmenter de 81 %, les véhicules hybrides non rechargeable (76 533 unités) de 50 % et les véhicules électriques (27 626 unités) de 27 %. Ce dynamisme reste cependant mesuré au regard des parts de marché qu’elles représentent actuellement : à peine 1 %.

Ces fortes hausses s’expliquent par des incitations fiscales (bonus, prime à la conversion) recentrées sur ces véhicules en 2017, et par la maturité technologique du marché sur ce type de modèles, qui permet à l’offre de fortement s’étoffer. S’ajoutent à cela les enjeux de la qualité de l’air ou encore les évènements climatiques, agissant comme une caisse de résonance à la prise de conscience écologique.

Enfin, même lorsqu’elles sont plus chères à l’achat, les économies permises par les nouvelles motorisations en termes de coûts d’utilisation sont de plus en plus évidentes, à la fois pour les pouvoirs publics, les automobilistes et les constructeurs.

On relève par ailleurs l’arrivée sur le marché de véhicules à motorisation hydrogène, notamment pour les flottes dites « captives », qui désignent un ensemble de véhicules sous gestion commune par une structure privée ou publique, s’approvisionnant à leur propre source de stockage de carburant.

Des émissions de CO2 à la hausse

Malgré cette augmentation de la part des véhicules ayant un impact environnemental plus léger, la moyenne des émissions de CO2 des véhicules neufs vendus en France en 2017 se situait à 111 g de CO2/km, contre 110g en 2016.

Cette hausse, qui semble anecdotique, est pourtant la première enregistrée après 10 années consécutives de baisse. Il faut ici noter que la méthode d’homologation des véhicules étant en cours de révision (afin de mieux refléter les conditions réelles d’utilisation du véhicule), cela devrait très probablement engendrer une dégradation des résultats environnementaux des véhicules en 2019.

Deux explications permettent de comprendre cette hausse. Il faut tout d’abord prendre en compte l’augmentation de la part des ventes des véhicules essence, en moyenne plus émetteurs de CO2 que les véhicules diesel. Il s’agit principalement de l’essor des véhicules « tout-terrain », principalement des SUV (Sport Utility Vehicule), qui représentent en 2017 un tiers des ventes du marché automobile et sont, comme on l’a dit plus haut, des véhicules plus lourds, plus puissants et plus consommateurs de carburants.

Rappelons toutefois que l’on a observé ces 9 dernières années une baisse de 38 g des émissions de CO2, consécutive notamment à l’application du dispositif bonus-malus. Établi dès la fin 2007, ce dispositif a pour objectif d’inciter financièrement les acheteurs ou les loueurs de véhicules neufs à privilégier les voitures les moins émettrices de CO2.

Ademe, CC BY-NC-ND

Des outils pour guider l’achat

Vous souhaitez acheter un véhicule neuf et vous informez sur son impact environnemental ? En marge de son étude sur l’évolution du marché des véhicules neufs en France, l’Ademe édite chaque année un guide officiel d’aide à l’achat, intitulé « Consommations conventionnelles de carburant et émissions de CO₂ – Véhicules particuliers neufs vendus en France ». Ce dernier doit être tenu à la disposition de tout consommateur qui demande à le consulter, dans chaque point de vente de véhicules neufs.

Le site « Car Labelling » vient compléter ce dispositif d’information. Actualisé chaque trimestre, cette plateforme en ligne intègre tous les véhicules particuliers neufs commercialisés en France et établit des palmarès sur les 10 meilleures valeurs de CO2 pour les véhicules essence, diesel et hybrides non rechargeables. Des informations relatives à la pollution atmosphérique et aux nuisances sonores sont également mises à disposition.

Page d’accueil du site Car Labelling. Ademe, CC BY-NC-ND

L’acheteur potentiel peut ainsi rechercher et comparer des véhicules selon différents critères (marque, carrosserie, taille, type de carburant, classe énergie, consommations de carburant). Chaque véhicule fait l’objet d’une fiche récapitulative. Les données administratives et fiscales du véhicule y sont détaillées, ainsi que les montants en euros du bonus/malus, du coût annuel en carburant, de la taxe sur les véhicules de société et de la taxe additionnelle pour les véhicules d’occasion.

Avec ou sans ma voiture

Reste que l’arrivée sur le marché de véhicules plus « propres » n’est qu’une partie de la réponse aux enjeux environnementaux et sanitaires dans le secteur des transports. Voir la mobilité comme un système où la voiture individuelle – même électrique ou hybride – domine les autres modes de déplacements est trop limitant et insuffisant face à des enjeux environnementaux accrus.

La clé réside dans notre capacité à changer notre vision de l’automobile et à remettre en question le véhicule individuel. Le dernier « Observatoire des mobilités émergentes », publié en mai 2017, révèle à ce propos des évolutions inédites quant au regard porté sur les véhicules : près d’un Français sur deux est désormais prêt à revoir son mode de déplacement pour des raisons écologiques et environnementales.

L’idée qu’il n’est plus possible de s’affranchir de son véhicule motorisé est contestée par l’émergence de nombreux services de mobilités. La multimodalité combinant les transports collectifs, le covoiturage, les mobilités actives (vélo en tête) apparaissent comme le cœur d’un véritable système de mobilité respectueux de l’environnement, et apportent des réponses concrètes aux usagers en zone urbaine mais aussi en milieu rural.

Plus économiques, plus partagés, plus pertinents pour la plupart des déplacements, les modes dits « alternatifs » deviennent de plus en plus répandus et commencent à modifier le paysage des mobilités. Transports à la demande, dispositifs de covoiturage, d’auto-stop organisé, stationnement vélo en gare et parcs relais, voies vertes et pistes cyclables, espaces apaisés à faible trafic : tout en s’adaptant aux besoins des spécificités des populations et des territoires, les offres concurrentes de la voiture individuelle privative, fiables et simples, se multiplient.

Ces alternatives au modèle du véhicule particulier (et de son usage, « l’autosolisme ») sont appelées à être soutenues, développées et mieux connues du grand public. Car au-delà des innovations technologiques, la plus fondamentale des innovations demeure comportementale. Pour s’assurer de la maîtrise de la demande de mobilité, de l’optimisation de l’utilisation des moyens et solutions qui existent déjà et de l’exploitation du potentiel considérable des modes actifs, la transition des habitudes est indispensable.

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