Glyphosate : un ministre de mauvaise foi ?

Le docteur Laurent Chevallier s'indigne qu'un ministre puisse encore douter de la dangerosité des pesticides, du glyphosate notamment, sur la santé.

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Des pesticides sont pulvérisés sur un champ (Photo d'illustration).

Des pesticides sont pulvérisés sur un champ (Photo d'illustration).

© PHILIPPE HUGUEN / AFP

Temps de lecture : 2 min

Le nouveau ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, vient de déclarer, dans le cas d'espèce des bébés malformés, qu'« il y a peut-être des soupçons, mais [qu']il n'y a aucune preuve scientifique ». S'il estime qu'il n'y a pas de danger pour la santé concernant le glyphosate, pourquoi est-il favorable à son interdiction avant la fin du quinquennat ? Cela est incompréhensible. La preuve absolue de la dangerosité d'un produit ne peut venir que de l'étude de sujets que l'on expose volontairement à une substance, puis de l'analyse des conséquences.

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Le ministre serait-il le premier volontaire pour une étude de ce type ? Tous les scandales sanitaires naissent de la non-prise en considération d'un danger, les politiques se retrouvent alors responsables et coupables. Par ailleurs, un ministre peut-il ignorer à ce point les différentes études de l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) et notamment le rapport de 2013 concernant l'impact des pesticides sur la santé ?

Les industriels, maîtres du débat

Ignore-t-il également ce que vient de déclarer le professeur Philippe Grandjean de l'université de Harvard aux États-Unis indiquant tout récemment dans Le Monde : « Comment puis-je imaginer que des scientifiques ne révèlent pas la nature exacte des études qu'ils signent ? Dans le cas des articles sur le glyphosate coécrits par Monsanto et signés par d'autres, cela donne l'impression que cette substance ne pose aucun risque et certains qui sont pas spécialistes de la question le croiront. »

Nul doute que les industriels des pesticides observent avec grand plaisir monter la pression contre le glyphosate : tout laisse à croire qu'il sera en effet retiré du marché dans un proche avenir, non par l'action des pouvoirs publics, mais par les industriels eux-mêmes. Leur communication se prépare pour qu'ils apparaissent comme les sauveurs de l'humanité, soucieux d'apaiser le débat et à l'écoute de la vox populi !

Des scientifiques incompétents

En effet, ils semblent bien avoir pratiquement finalisé la mise au point d'une alternative – chimique bien sûr – au glyphosate et à ses adjuvants. Elle sera présentée comme respectueuse des sols, de l'environnement, et bien sûr de la santé des hommes. On aura, à peu de chose près, un discours proche de la façon dont a été présenté le glyphosate il y a 20 ans. Il faudra peut-être quelques décennies pour s'apercevoir de ses méfaits tout en se donnant le temps de manipuler, comme il se doit, la science avec les relais complaisants de scientifiques incompétents dans le domaine, pseudo-scientifiques, mais ayant un avis sur tout.

Le ou les nouveaux produits seront beaucoup plus agressifs, donc l'usage en termes de volume moindre. Ils dégageront peu de résidus, et il semble bien que les principes actifs hyper agressifs soient portés par des nanoparticules. Que du bonheur… Nicolas Hulot, reviens vite !

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Commentaires (52)

  • Roger11

    Je m’apprêtais à prendre la défense du glyphosate, car j'en ai assez des stupidités que l'on peut lire ou entendre dans les médias sur cet herbicide, comme d'ailleurs sur la prétendue nocivité du CO2, gaz sans lequel notre planète n'aurait eu aucune vie végétale, animale... Donc humaine !
    Votre post bien détaillé m'a donc fait grand plaisir, je ne peux que l'approuver.
    Un papy pas boss mais qui a beaucoup bossé...

  • MARANDEL

    Que faut-il de plus à l'industrie agro-chimique pour accepter de se remettre en cause ? Qu'attendent les dirigeants de cette industrie pour riposter de manière intelligente, montrer qu'ils ont pris conscience qu'il y a des problèmes, travailler sur des produits ou des process alternatifs ? Pas un de ces dirigeants qui porte son regard un peu plus loin que l'échéance de son mandat ? Après moi le déluge ! Lamentable. Quant au ministre, il commence bien sa mission. Si c'est ça le renouveau de LREM, on pouvait très bien s'en passer et continuer avec ceux qui gouvernaient avant.

  • Belize

    Inquiétant qu'un médecin conteste la nécessité de faire appel à des scientifiques pour juger de la dangerosité d'un produit.
    Inquiétant aussi et hélas banal, cette dangereuse habitude de critiquer les fabricants de pesticides ou de médicaments (ce sont souvent les mêmes) que le médecin doit pourtant prescrire à ses patients.
    S'agissant du glyphosate, il est utilisé depuis 43 ans dans le monde et n'a jamais provoqué de problème sanitaire ou environnemental avéré.
    Sa toxicité aigüe est plus faible que celle du sel de cuisine et 25 fois plus faible que celle de la caféine
    Sa toxicité chronique a été évaluée sur plusieurs mois ou plusieurs années par toutes les agences sanitaires dans le monde sans jamais déceler un effet cancérigène ou génotoxique
    Seul le CIRC l'a classé "cancérogène probable", comme la viande rouge (!) mais le CIRC évalue le danger potentiel et non le vrai risque lié à l'exposition.
    Son avis a été contesté par toutes les agences sanitaires française (ANSES), européennes (EFSA, ECHA) et les autres agences dans le monde, y compris l'OMS (maison-mère du CIRC) et la FAO.
    Mais la puissante mouvance de l'écologie politique, la "précautionnite aigüe, la pensée magique et retour au "naturel" paré de toutes les vertus, sont entrain de discréditer dangereusement la science et les comportements rationnels.