La peinture du XVIIe siècle, vous l’aimez saignante ? A l’occasion de l’exposition “Caravage à Rome”, au musée Jacquemart-André, voici une une liste de têtes tranchées dénichées chez le peintre milanais et ses émules.
Publié le 20 octobre 2018 à 17h00
Mis à jour le 08 décembre 2020 à 01h14
Qui dit Caravage dit têtes coupées et sang qui gicle. L’artiste, bien que n’ayant pas inventé le genre, a toujours eu un penchant pour les héroïnes et les héros raccourcissant leurs semblables. Dans les siècles précédents, Memling, Luini ou Cranach pratiquaient déjà le genre, mais Caravage est passé à la vitesse supérieure, élevant Salomé, Judith ou David au rang de dignes ancêtres d’Uma Thurman dans Pulp Fiction. Comme si la violence de ses peintures, des arrêts sur image souvent plus glaçants que sanglants, canalisait la sienne, l’homme étant réputé pour son caractère bagarreur et incontrôlable. Malgré tout le respect qu’il lui devait, son contemporain et ami Guido Reni le qualifiait de « bestial », c’est dire. L’inventeur – ou presque –du clair-obscur a remis au goût du jour l’art de la décapitation sur chevalet et l’a transmis à toute une génération de « suiveurs » nommés les Caravagesques.
Dans l’exposition parisienne, tout comme dans nos musées, on tombera donc sur ces scènes bibliques où un maheureux finit toujours par perdre la tête. On notera que les artistes choisissent soit de capter l’action immédiate, comme le fait souvent Caravage, soit de représenter le moment d’après, quand la tête dégoulinante est brandie comme un trophée ou fourrée dans un sac. Dans le rôle des exécuteurs, la sélection des œuvres ci-dessous met en scène trois personnages familiers, Judith, David et Salomé.
Pourquoi la belle veuve en arrive-t-elle là ? Souhaitant débarrasser son peuple d’Holopherne, Judith décide de se charger elle-même de la besogne. Après avoir séduit et enivré le tyran, il faut la voir conclure en tranchant dans le vif, l’air concentré : la soirée Meetic vire au gore.
Le plus iconique des tableaux de Caravage, visible dans l’exposition à Paris ! Voir la ride de concentration sur le front de Judith représentée grandeur nature, et le rictus de la vieille femme. Chapeau bas…
Tout est radicalement différent du précédent, de la douceur des traits de la jeune femme à la façon incongrue dont la servante tient le sac dans sa bouche. Egalement visible dans l’expo parisienne.
Le père d’Artémisia Gentileschi, qui prisera elle aussi les décapitations, fait dans la dentelle : mesdames se sont un peu salies mais tout est bien qui fini bien, affaire classée. Dans l’expo !
Ce héros n’est pas grand mais sacrément vaillant. Il dégomme le géant Goliath d’un coup de caillou en plein front avant de le raccourcir d’une bonne tête. Numérotez vos abattis, ça va saigner.
Caravage, avant de devenir célèbre, travailla dans l’atelier du Cavalier d’Arpin, maître de la belle peinture d’alors. Lequel est bel et bien repassé derrière son élève. Visible dans l’exposition.
Caravage pousse le vice jusqu’à se représenter sous les traits de Goliath. Une première dans l’histoire de la peinture : l’autoportrait en décapité ! Cette peinture ne figure pas dans l’exposition.
Quentin Tarantino peut aller se rhabiller ! Plus sanglant tu meurs, avec ce David sadique tranchant par l’arrière, côté vertèbres. Moins facile. Visible dans l’exposition.
La fille de la reine Hérodiade danse devant son beau-père Hérode. Bluffé, pour ne pas dire plus, il lui propose de lui offrir ce qu’elle désire. Ce sera la tête du pauvre Jean-Baptiste, servie sur un plat d’argent.
Hélas, aucune Salomé visible dans l’exposition parisienne. On se console avec ce Caravage mythique et poignant visible à Londres. L’héroïne, énigmatique, tourne la tête vers la lumière où l’attend, peut être, sa mère Hérodiade à qui est destiné ce sanglant cadeau.
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