POLITIQUE - Contrôles migratoires, conditions de travail des policiers, violence dans les quartiers: Christophe Castaner dresse sa feuille de route de ministre de l'Intérieur dans un long entretien au JDD ce dimanche 21 octobre en reprenant les chantiers-clé ouverts par Gérard Collomb. Mesure symbolique, le nouveau locataire de la place Beauvau veut également "mettre un terme" à "la protection à vie des anciens ministres de l'Intérieur" et la ramener à cinq ans après la fin de leurs fonctions.
Au total, il sont actuellement vingt responsables politiques à pouvoir bénéficier d'une voiture avec chauffeur au titre d'ancien "premier flic de France". Et selon un rapport de la Cour des comptes en 2010, la facture est assez salée pour l'État. Le coût annuel d'un officier de sécurité (qui est aussi le chauffeur) est en effet de 71.879 euros, auquel il faut ajouter le prix de la voiture, et d'autres fonctionnaires s'il faut assurer une disponibilité permanente.
La question s'était d'ailleurs posée pour le cas de Manuel Valls. En partance pour la mairie de Barcelone, l'ancien ministre de l'Intérieur puis Premier ministre a coupé court au début de polémique en annonçant de lui même qu'il ne serait plus protégé par les policiers français dès lors qu'il passerait la frontière pyrénéenne.
Outre cette mesure symbolique, Christophe Castaner s'est largement exprimé sur la question migratoire. Le ministre de l'Intérieur se dit "inquiet" de la situation à la frontière espagnole depuis quelques mois. Il va nommer un "coordonnateur sécurité", qui sera un haut fonctionnaire, pour "mieux organiser les contrôles et le dialogue avec les autorités espagnoles", explique-t-il dans une interview fleuve au Journal du Dimanche.
"Ferme contre l'immigration irrégulière"
Depuis le début de l'année, "on a recensé en Espagne 48.000 entrées irrégulières en provenance du Maroc – soit une augmentation de 155%!" et "les non-admissions à la frontière franco-espagnole ont augmenté de près de 60% dans les Pyrénées-Atlantiques par rapport à l'an passé", selon lui. Le ministre revendique une "politique ferme contre l'immigration irrégulière". "Un tiers des demandeurs d'asile en France ont été déboutés dans un autre pays d'Europe, c'est inadmissible. Nous n'avons pas vocation à être une 'instance d'appel' des déboutés de l'Allemagne ou de l'Italie", ajoute-t-il.
Il doit également échanger dans "les tout prochains jours" avec ses homologues européens, dont le ministre italien de l'Intérieur Matteo Salvini. Ce dernier a envoyé samedi des policiers patrouiller à la frontière française afin d'empêcher les refoulements de migrants, au lendemain de la reconduite de trois clandestins, qualifiée de normale par la France.
"Dans la plupart des zones frontalières, la coopération avec la police italienne se passe bien. Je comprends qu'il y a un besoin de renforcer cette coopération dans la région de Bardonnèche. Ne comptez pas sur moi pour ajouter de la polémique à la polémique", ajoute Christophe Castaner.
Les relations entre Rome et Paris se sont tendues ces derniers mois. L'Italie accuse ses partenaires européens, à commencer par la France, de l'avoir laissée seule gérer la crise migratoire et les quelque 700.000 migrants arrivés sur ses côtes depuis 2013.
Les policiers "ont raison de se plaindre"
Le ministre, nommé mardi avec pour l'épauler un secrétaire d'Etat, l'ex patron du renseignement intérieur Laurent Nuñez, adresse également des signes à ses troupes et notamment aux policiers en rappelant la hausse de 3,5% du budget de son ministère. Christophe Castaner reconnaît que les policiers "ont raison de (se) plaindre" de la vétusté de leur matériel, rappelant que 300 millions d'euros par an seront consacrés à la rénovation de l'équipement auxquels s'ajoutent 130 millions pour la rénovation de la flotte automobile.
La Direction générale de sécurité interieure sera, elle, dotée de 22,5 millions d'euros supplémentaires affectés à des investissements technologiques. Ses trois sites devraient également être réunis en un seul.
Il doit se rendre dimanche au commissariat de Champigny, où des policiers se sont fait insulter sur une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux cette semaine. "Partout où l'on voit que la République recule, il faut agir. Reconquérir mètre carré par mètre carré la souveraineté républicaine dans certains quartiers. Ce sera un combat", ajoute-t-il.
Gérard Collomb avait quitté le ministère pour se préparer aux élections municipales de Lyon. Son successeur affirme dans le JDD qu'il ne "sera pas candidat" aux municipales: on ne peut être ministre de l'Intérieur qu'à plein temps.
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