Paris : après les agressions, une manifestation contre l’homophobie à République

Après la multiplication des violences homophobes dans la capitale, une trentaine d’associations organisent un rassemblement de protestation ce dimanche à République.

 Paris, juin dernier. La Marche des fiertés s’était élancée de la place de la Concorde en juin dernier.
Paris, juin dernier. La Marche des fiertés s’était élancée de la place de la Concorde en juin dernier. LP/Jean Nicholas Guillo

    Dire un non massif à l'homophobie et « mettre la pression » aux pouvoirs publics pour des mesures concrètes de soutien aux victimes. Voilà le double objectif du rassemblement qui va avoir lieu ce dimanche, à partir de 17 heures, sur la place de la République à Paris (IIIe, Xe, XIe). Dans le contexte actuel, il pourrait rassembler plusieurs milliers de participants.

    La manifestation, statique, a en effet été organisée dans l'urgence par SOS Homophobie et l'Inter-LGBT, soutenus par une trentaine d'autres associations, en réaction à la récente multiplication des violences homophobes, lesbophobes ou transphobes dans les rues de la capitale. Les associations organisatrices en ont recensé une demi-douzaine en moins d'un mois.

    Des coups après de banals gestes d'affection

    L'inquiétante série noire a commencé le 18 septembre dernier devant le Petit Théâtre. Un établissement de Belleville (XXe) à la sortie duquel deux jeunes hommes avaient eu le « tort » de s'enlacer. Ils avaient été roués de coups par des témoins (interpellés depuis) de ce très banal geste d'affection. « C'était juste un câlin », avait indiqué l'une des victimes qui a posté sur les réseaux sociaux des photos de son visage tuméfié après l'agression.

    Plus récemment, en début de semaine dernière, c'est Guillaume Mélanie, le président de l'association Urgence homophobie, qui a subi le même type d'attaque dans une rue du IIe arrondissement, où il a été insulté puis frappé en plein visage par un passant. « Ce soir, c'est mon tour », a-t-il écrit dans le récit de son agression, également posté sur Internet, comme pour insister sur la terrible banalisation de ces agressions « ciblées ».

    « De nombreuses victimes ne portent jamais plainte »

    Le phénomène est d'autant plus inquiétant que depuis l'annonce de la mobilisation de ce dimanche, on a appris que deux autres agressions à caractère « LGBT-phobe » avaient encore été commises dans Paris. L'une est survenue ce samedi au petit matin sur le boulevard de Sébastopol (Ier), où une patrouille de la brigade anticriminalité a interpellé quatre hommes qui s'acharnaient sur un cinquième, allongé au sol.

    La victime, qui a porté plainte, a expliqué qu'elle avait été frappée après avoir tenté de filmer au portable les agresseurs qui l'avaient couvert d'insultes homophobes. Lundi dernier, c'est dans le XIIe arrondissement que deux autres hommes avaient été molestés… par « leur » chauffeur de VTC dans le véhicule duquel ils s'étaient embrassés.

    Selon les chiffres communiqués par la Préfecture de police, le nombre d'actes à caractère homophobe commis entre janvier et septembre a pourtant baissé de 37 % par rapport à la même période en 2017. « Mais de nombreuses victimes ne portent jamais plainte », relativise-t-on dans l'entourage des associations LGBT. SOS Homophie a, de son côté, enregistré 216 témoignages d'agressions commises l'an dernier dans la capitale.