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Avec cette sécheresse qui dure, l'État vient en aide aux agriculteurs

Le 18 octobre 2018. Un champ de maïs à Saint-Pierre-d'Albigny, dans les Alpes françaises. JEAN-PIERRE CLATOT/AFP

VIDÉO - De la Vendée au Doubs en passant par le Limousin, une soixantaine de départements ont pu faire reconnaître le régime de «calamité agricole», qui permet aux exploitants de solliciter une indemnisation pour compenser les pertes sur les récoltes.

La sécheresse continue de sévir. S'il est tombé en trois heures l'équivalent de deux mois de pluie sur l'Aude, le quart nord-est du pays fait face à une situation tout inverse. Depuis le début de l'été, il a en effet très peu plu sur bon nombre de départements des Hauts-de-France, d'Ile-de-France, en passant par le Centre-Val de Loire, la Bourgogne, l'Auvergne, la Franche-Comté, ou encore l'Alsace et la Lorraine. Par conséquent, de nombreux territoires sont concernés par des restrictions d'eau. Vendredi, les ministères de l'Agriculture et de la transition Ecologique recensaient encore 59 départements concernés par des arrêtés préfectoraux de restriction d'eau, de la Vendée au Doubs en passant par le Limousin. Dans ces zones en vigilance «crise» (en rouge sur la carte ci-dessous), l'usage de l'eau peut-être limité aux «prélèvements prioritaires» (santé, sécurité civile, eau potable, salubrité), mais pas à des fins agricoles.

Sur le site Propluvia, les ministères de l'Ecologie et de l'Agriculture dénombrent tous les arrêtés préfectoraux en cours. Capture écran/ Propluvia

Pour les éleveurs et agriculteurs de ces régions, qui alertent depuis des semaines, la situation est dramatique. «On souffre d'une sécheresse sans précédent, les animaux sont affamés. Depuis la mi-juillet, il n'y a plus un brin d'herbe dans les pâtures. Pour les éleveurs, c'est une véritable catastrophe», explique Thierry Chalmin, exploitant et président de la chambre d'agriculture de Haute-Saône. «Dans les pâtures, on est sur la terre, il n'y a plus de vert du tout» rapporte Jean-Michel Humbert, agriculteur et éleveur bovin dans le village de Droyes, en Haute-Marne. Les éleveurs nourrissent leurs bêtes avec de la paille et du foin, comme en hiver, certains vendent des animaux «avec un à trois mois d'avance, ce qui se ressent sur l'état d'engraissement», avec pour conséquence une baisse des prix, précise Luc Smessaert, vice-président de la FNSEA et exploitant dans les Hauts-de-France. «La sécheresse de 2018 restera dans les annales» prédit-il.

Les récoltes françaises 2018 de céréales, notamment de maïs, seront en baisse, aussi bien en volume qu'en rendement en raison de la sécheresse, indiquait mi-septembre le service statistique du ministère de l'Agriculture (Agreste) revoyant à la baisse ses estimations pour l'année. Particulièrement touchés par la sécheresse, des agriculteurs du Grand Est et de Bourgogne-Franche-Comté avaient appelé la semaine dernière à la «mobilisation», dénonçant le «désengagement de l'État». La Confédération paysanne appelait vendredi dans un communiqué le gouvernement à «rattraper un retard à l'allumage» sur la sécheresse, tandis que La FNSEA et les Jeunes agriculteurs sollicitaient eux un «plan d'urgence pour faciliter l'approvisionnement et pour apporter la trésorerie qui fait cruellement défaut».

Un plan de calamité agricole

Mardi, le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume, a annoncé qu'un plan de calamité agricole serait mis en place pour les départements atteints par la sécheresse, une fois l'état des dégâts rapporté par les préfets. En fin de semaine, soixante départements avaient déjà pu faire reconnaître, dans certaines zones, le régime de calamité agricole, qui permet aux exploitants de solliciter une indemnisation des pertes des récoltes sur prairies. Face à l'urgence de la situation dans certaines zones, le ministère s'est engagé à accélérer les procédures d'indemnisation: «Trois comités de gestion des risques en agriculture se réuniront exceptionnellement en décembre, janvier et février pour examiner les dossiers».

En outre, deux outils fiscaux ont également été activés: le dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti pour les parcelles concernées, ainsi que le report ou l'allègement du paiement des cotisations sociales auprès de la Mutualité sociale agricole (à hauteur d'une seconde enveloppe de 15 millions d'euros). Parallèlement, la région Grand Est a annoncé jeudi le déblocage de 6 millions d'euros dans le cadre d'un plan sécheresse. Au niveau européen, les agriculteurs demandent une hausse à 90% des avances sur les paiements directs des aides PAC (Politique agricole commune) contre 70 % annoncés en août par la Commission européenne. Lundi sur CNews, Didier Guillaume avait par ailleurs annoncé la mise en place d'«assises de l'eau, dont les conclusions seront rendues en 2019».


Le secteur du tourisme en a profité

Les agriculteurs français ne sont pas les seuls à être ainsi touchés. En Allemagne, après quatre mois de sécheresse, la profession s'attend à une baisse de 20% de sa production annuelle. Quatorze des seize Etats-régions allemands se sont dits intéressés fin août par un programme fédéral d'indemnisation des agriculteurs. En outre, le monde agricole n'est pas le seul à souffrir du manque d'eau. Faute de pluie, le Rhin est à son plus bas niveau historique. La situation a d'ores et déjà des répercussions économiques: des bateaux ne pouvant plus circuler, alors que le Rhin est une importante artère de transport fluvial pour de nombreux secteurs économiques en Allemagne, en France ou encore aux Pays-Bas.

À l'inverse, l'été indien semble avoir profité au secteur de l'hôtellerie-restauration. Des terrasses pleines en septembre et octobre, c'était «inespéré»témoigne Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation représentant les hôtels, cafés et restaurants, rappelant qu'une terrasse, «pour un restaurateur ou un cafetier, apporte en moyenne 30% de chiffre d'affaires en plus». Sur la côte atlantique, les beaux jours ont fait les délices du secteur du tourisme, de la Bretagne aux Sables-d'Olonne en passant par Noirmoutier. Le beau temps en septembre et octobre a favorisé une clientèle «excursionniste» venue la journée ou le week-end, explique François Riou, directeur de l'office de tourisme des Sables-d'Olonne.

(Avec agences)

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162 commentaires
  • Antoine HELLEF

    le

    "L'Etat vient en aide...", vous voulez dire "le Contribuable.."?

  • mistophore

    le

    Jupiter assèche tout , les cultures et les porte-monnaies, et il arrose ses amis...

  • Mouv

    le

    As t-on encore besoin de voiture de 200 CV pour rouler à 80km/h ?

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