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Le "Bureau des légendes" revient sur Canal+ : vertigineuse nouvelle fournée
Mathieu Amalric rejoint le Bureau des légendes en tant que directeur de la sécurité interne de la DGSE.

Le "Bureau des légendes" revient sur Canal+ : vertigineuse nouvelle fournée

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La quatrième saison du "Bureau des légendes" nous fait faire le tour du monde. Mais c'est boulevard Mortier, dans les locaux de la DGSE, que sont posées les mines les plus vicieuses. A partir du lundi 28 octobre sur Canal +.

En juin 2017, on avait quitté la meilleure fiction française du moment très inquiets : Henri Duflot (Jean-Pierre Darroussin) rentrait de Turquie dans un sac à macchabée et Malotru (Mathieu Kassovitz) était condamné à une vie d'apatride, loin des siens. En renouant avec la série préférée du réalisateur Michael Mann (il l'a dit l'an dernier dans Libération ), on s'attendait donc à retrouver « Kasso » au centre de sa toile d'araignée. Il y est, c'est vrai. Exilé à Moscou, il lutte contre le FSB, tandis que ses ex-camarades de la DGSE traquent les djihadistes au Moyen-Orient et pratiquent la cyberguerre.

Mais Malotru n'est pas seul dans sa toile. Cette vertigineuse nouvelle fournée est aussi un bouillant thriller administratif. Pendant qu'il déprime à Moscou, ses ex-collègues se déchirent à Paris. Et c'est bien plus sanglant ! Parano généralisée, luttes d'ego, coups tordus, préservation de prés carrés… La DGSE est d'abord, et avant tout, une entreprise comme les autres. Les balles sont tirées depuis l'open space, ricochent contre les machines à café et viennent mourir entre les plantes vertes du self. Et les méchants sont plus libidineux que les brutes de Daech.

Malsain à souhait

Premier d'entre eux, « JJA » (Mathieu Amalric), directeur de la sécurité interne de la DGSE, chargé d'enquêter sur le bureau des légendes (ou « BDL »). C'est un enfoiré sinistre, qui prend son pied en dressant chacun contre chacune. Un pervers onctueux qui, au milieu des petites bouteilles d'eau de la salle de réunion, tire ce genre de missile : « Marie-Jeanne [Florence Loiret-Caille], tu es nuisible pour ton service. Tu fais du mal à la boîte. Pars. » Avec Amalric, c'est la fête des entreprises tous les jours, un « J'aime ma boîte » malsain et cauchemardesque. Et on lui dit merci. Grâce à ce rond-de-cuir obsessionnel, la série reste solidement campée sur ses bases : un aller-retour jouissif et permanent entre le théâtre des opérations mondial et la moquette du boulevard Mortier. La géopolitique contre la petite boutique.

Heureusement, cette nouvelle saison n'est pas que tickets resto, cheffaillons et ascenseurs à badge. Un trio de jeunes mâles rebootent de fond en comble le logiciel du BDL. Et, comme toujours avec le programme phare de Canal +, ils le font sans armes, ni haine, ni violence. Juste avec un énorme cerveau. Le pari du BDL a toujours été de placer l'intelligence au cœur de l'action, en propulsant ses analystes à lunettes sur le terrain. Avec les risques que cela comporte. Après les gaffes de Raymond (Jonathan Zaccaï) en Syrie, on retrouve donc Jonas (Artus) en Irak et au Mali. Il est… enveloppé et adore manger des plats préparés devant son écran ? Certes, mais il parle arabe et connaît la galaxie salafiste comme personne. Et César (Stefan Crepon) ? C'est vrai, il est épais comme une disquette, arbore un duvet, souffre d'un rhume des foins et a les pieds plats. Mais c'est un hacker de génie. Troisième et dernier élément, le plus familier, Sylvain (Jules Sagot), un James Bond 2.0 qui se déplace en gyroroue, vit dans un clapier entouré d'écrans et gère les légendes comme personne. Ces trois grosses têtes campent le nouveau monde contre l'ancien, celui des Marie-Jeanne et des JJA. Et ça arrange bien l'ancien, car il a d'autres chats à fouetter : le lundi à la cantine, y a rab d'œufs mayo.

*Le Bureau des légendes, tous les lundis à 21 heures, sur Canal +.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne