Nous sommes le 26 juillet 1943. La veille, le Grand Conseil fasciste [l’organe suprême du régime], dans un vote de défiance, a destitué Mussolini. Le fascisme est fini, avec toutes les conséquences qui s’ensuivront. L’une d’elles, aux proportions bien plus modestes que celles qui verront naître l’Italie républicaine, peut être admirée et même touchée à un endroit où jamais on ne s’attendrait à la trouver : à Santo Stefano, l’une des îles de l’archipel et parc national marin de la Maddalena.

En face, à l’ouest, il y a la Sardaigne et Palau, le port d’où partent les bateaux pour l’île de la Maddalena [le cœur de l’archipel], qui se trouve au nord de Santo Stefano ; au nord-est, mais toujours à proximité, se trouve l’île de Caprera, le dernier refuge de Giuseppe Garibaldi [1807-1882], où se trouvent la demeure et la tombe du “héros des deux mondes” [comme était surnommé cet homme politique et combattant, artisan de l’unité italienne]. Et, depuis quelques années, au fort d’Arbuticci, le musée Garibaldi et ses collections multimédias. Au nord-ouest de l’île de la Maddalena, plusieurs petites îles : Spargi, Budelli avec sa plage rose, Razzoli, Santa Maria et une poignée d’îlots. Et, encore un peu plus en direction du ponant, les falaises de Bonifacio et la Corse.

Un paradis pour les voileux

Santo Stefano est l’un des sites les plus touristiques de Sardaigne. La Costa Smeralda, la “Côte d’Émeraude”, plus apprêtée, n’est qu’à quelques kilomètres. On serait aussi tenté de dire que c’est l’un des plus beaux, au risque de faire du tort à d’autres lieux tout aussi magiques de la région. Incontestablement, il s’agit de l’un des plus venteux, situé comme il l’est le long des bouches de Bonifacio. Nul hasard si le Centro Velico Caprera, parmi les écoles de voiles les plus renommées d’Europe avec celle des Glénans en France [dans le golfe de Gascogne