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En Israël, la ministre de la Culture veut couper les subventions des œuvres dites «déloyales»

La ministre de la Culture Miri Regev s'est déjà mis à dos la communauté artistique en vitupérant contre «Foxtrot», un film israélien primé à Venise en 2017 qui critiquait l'attitude de l'armée. POOL New/REUTERS

Le gouvernement ne veut plus subventionner les films et les pièces de théâtre qui remettraient en cause l'État israélien. La proposition de loi, qui s'apprête à être votée au parlement, suscite l'inquiétude de l'opposition et du monde culturel.

Une telle législation ne réconciliera pas le monde artistique israélien avec le ministère de la Culture. Le gouvernement a adopté dimanche 21 octobre un projet de loi permettant de couper les subventions accordées aux films et pièces de théâtre qui ne feraient pas preuve de «loyauté» envers l'État. La législation a été présentée par Miri Regev la ministre israélienne de la Culture et des Sports, avec le soutien de Moshe Kahlon, le ministre des Finances.

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Le texte accorde aux deux ministères le pouvoir de supprimer les fonds alloués à toute institution, organisation ou événement présentant des œuvres niant Israël en tant qu'état juif et démocratique, s'attaquant au drapeau national, incitant au racisme et au terrorisme, ou présentant le jour de l'indépendance du pays comme un jour de deuil. C'est le cas dans la population palestinienne qui commémore la Nakba - «désastre» en arabe -, l'exode de 700.000 Palestiniens en 1948 à la création d'Israël. La proposition de loi doit être présentée et votée par la Knesset, le parlement situé à Jérusalem, avant d'entrer en vigueur.

«Je suis très contente que cette loi ait été adoptée par la commission ministérielle. Elle va ensuite être présentée à la Knesset pour être adoptée, si Dieu veut, le mois prochain. Oui à la liberté de la culture, non aux provocations!», a affirmé Miri Regev sur Facebook.

Une atteinte à la «liberté d'expression»

Pour beaucoup d'artistes, cette loi vise à étouffer toutes œuvres critiques contre la politique d'Israël. Tzipi Livni, députée à la Knesset à la tête de l'opposition, a appelé le gouvernement à faire machine arrière: «exiger une loyauté dans les arts est une nouvelle étape pour faire taire la liberté d'expression et forcer la culture à être le porte-parole du gouvernement.»

Mais elle n'est pas la seule à montrer de l'inquiétude. Le texte de loi aurait déplu également à Benjamin Netanyahou. Sur Twitter, un journaliste de Galei Tzahal, la radio de l'armée israélienne, rapporte que le Premier ministre regrette, lui aussi, le manque de «liberté d'expression» d'une telle législation.

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Miri Regev entretient des relations tumultueuses avec le monde artistique israélien. En 2017, elle avait affirmé «avoir honte» que l'académie israélienne ait loué les mérites de Foxtrot , un film israélien ayant obtenu le Lion d'argent-Grand Prix du Jury à Venise, qui «salit l'image de l'armée». En retour, elle n'avait pas été invitée à la cérémonie de remise des prix Ophir, l'oscar israélien.

En Israël, la ministre de la Culture veut couper les subventions des œuvres dites «déloyales»

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103 commentaires
  • Michel167382

    le

    Voilà l'expression d'un Etat démocratique! Non mais, pour y-ce prennent les ceusses qui critique? S'à s'fait pas!!

  • michel noblet

    le

    Normal, on ne crache pas dans la soupe

  • Caledonia2018

    le

    Foxtrot est un film excellent. Cette ministre est une idiote finie.

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