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ÉTATS-UNIS

Les Proud Boys, groupuscule violent qui glorifie l’homme blanc

Un supporter des Proud Boys donne un coup de pied à un homme tombé au sol. Capture d'écran d'une vidéosurveillance (voir ci-dessous) publiée sur Twitter par la police de New York.
Un supporter des Proud Boys donne un coup de pied à un homme tombé au sol. Capture d'écran d'une vidéosurveillance (voir ci-dessous) publiée sur Twitter par la police de New York.
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Plusieurs vidéos montrant des militants d’un groupe américain d’extrême droite, les Proud Boys ("gars fiers"), en train de frapper trois hommes dans les rues de New York, le 12 octobre, ont fait polémique aux États-Unis. On y entend certains assaillants proférer des insultes homophobes. Ces images révèlent la nature violente de ce groupe, fondé en 2016 après l’élection de Donald Trump.

L’altercation s’est produite en marge d’une conférence que donnait, dans un club réservé aux membres du parti républicain, Gavin McInnes, le fondateur des Proud Boys – et par ailleurs l’un des cofondateurs de VICE Media, qu’il a quitté en 2008. Les Proud Boys se présentent comme des "Occidentaux chauvins", une organisation confraternelle qui combat le "politiquement correct" et la "culpabilité anti-Blanc". Ils réfutent toute accusation de racisme et tentent de se distancier de l’extrême droite... dont ils épousent pourtant nombre de thèses.

Le Southern Poverty Law Center (SPLC), une association qui étudie et surveille les groupes extrémistes aux États-Unis, classe d’ailleurs les Proud boys dans la catégorie des “groupe haineux", au motif de leur "dénigrement régulier des musulmans et de l’islam, une rhétorique misogyne et leur rôle de porte d’entrée vers d’autres groupes extrémistes", explique Keegan Hankes, un chercheur du SPLC contacté par la rédaction des Observateurs de France 24 (voir plus bas).

Le 12 octobre au soir à Manhattan, McInnes consacrait son intervention à Otoya Yamaguchi, un ultranationaliste japonais qui assassina un responsable socialiste avec une épée en 1960, un acte qualifié par McInnes de "moment inspirant". La veille, le Metropolitan Republican Club, lieu où se tenait la conférence, avait été vandalisé avec des graffitis antifascistes. Selon la police, les vandales étaient vêtus de noir et ont aussi fracassé les vitres du club avec des briques.

Des contre-manifestants se sont rassemblés devant le club le soir de la conférence, pendant que McInnes parlait, encadrés par un important dispositif policier. Shay Horse, un photojournaliste indépendant qui suit l’extrême droite aux États-Unis, était présent et raconte ce qui s’est passé une fois la conférence terminée :

Des membres des Proud Boys sont sortis et sont partis à pied dans la même direction, en groupe. Je les ai suivis et donc j’ai manqué la sortie de McInnes, agitant son épée de samouraï devant la foule avant de partir en voiture.

 

En arrivant sur la 82e rue, j’ai vu des corps au sol. Et des Proud Boys courir vers ces hommes, les frapper à coups de poing et de pied. Il y avait trois gars au sol, à quelques mètres les uns des autres, et des Proud Boys couraient de l’un à l’autre de sorte à tous les frapper. J’ai pris plusieurs photos.

Une vidéaste avec qui je me trouvais a filmé ces images :

 

Trois policiers sont finalement arrivés en scooter. Je leur ai dit : "Faites quelque chose", et l’un d’entre eux s’est frayé un chemin dans le groupe en criant : "Ça suffit". La police a laissé les Proud Boys partir. Un des trois gars au sol avait déjà réussi à déguerpir, et les deux autres avaient l’air dans un sale état. L’un a aidé l’autre à se relever et ils sont partis.

J’ai suivi les membres des Proud Boys jusqu’à une station de métro. J’ai demandé à l’un d’eux ce qui s’était passé et il m’a répondu que c’était des antifas [un terme qui désigne les militants antifascistes, NDLR] qui avaient commencé. Il portait un tatouage des Proud Boys qui montrait qu’il avait atteint le deuxième degré [les Proud Boys s’organisant selon quatre degrés ; pour atteindre le premier il faut qu’un aspirant déclare "Je suis un Occidental chauvin qui refuse de s'excuser pour la création du monde moderne" ; le deuxième qu’il récite des noms de paquets de céréales tout en se faisant frapper et renonce par ailleurs à la masturbation ; le troisième qu’il se fasse un tatouage Proud Boys sur le corps. Il obtient le quatrième degré en reconnaissance de ses combats physiques, NDLR]. Nous leur avons posé d’autres questions mais ils n’ont plus voulu répondre.

Selon Shay Horse, les violences n’ont pas impliqué uniquement des membres des Proud Boys. Il dit avoir aussi reconnu des membres de groupes locaux de skinheads, ce que confirme le SPLC.

La police a également publié une vidéosurveillance, qui montre comment les violences ont commencé. On voit des personnes masquées marcher en direction des Proud Boys, qui sont hors champ. L’une d’elle leur lance une bouteille en plastique, et un supporter des Proud Boys court alors pour asséner le premier coup de poing.

Un des membres des Proud Boys a également filmé les violences, et diffusé sa vidéo en direct sur les réseaux sociaux. À la fin de la vidéo, on entend les militants dire qu’ils soutiennent la réélection de Donald Trump en 2020.

La police sous le feu des critiques

Trois manifestants ont été arrêtés le soir du 12 octobre, après un autre incident, lors duquel ils auraient dérobé le sac à dos d’un militant Proud Boys.

À la lumière des vidéos des violences, la police a été vivement critiquée pour ne pas voir arrêté un seul militant des Proud Boys. Finalement, le 15 octobre, elle a annoncé rechercher neuf personnes affiliées au groupe, ainsi que trois autres manifestants, avant d’annoncer l’arrestation d’un homme affilié aux Proud Boys le 19 octobre.

 

"Les Proud Boys ont toujours prôné la violence "

Bien que Gavin McIness dise rejeter le nationalisme blanc, il épouse les principaux tenants de cette idéologie, selon Keegan Hankes, le chercheur du SPLC contacté par notre rédaction.

"Les Proud Boys comme les nationalistes blancs sont mus par la même anxiété quant à la perte de leur statut, causé par un soi-disant déclin de la 'civilisation occidentale'. Cela inclut des thèmes comme le trop plein d’immigration de non-Blancs, le déclin des naissances de Blancs. Cela se traduit par leur révérence du texte de Pat Buchanan "The Death of the West" [La mort de l’Occident, non traduit, NDLR], notable pour son rôle dans la radicalisation de nombre de nationalistes blancs".

Selon Keegan Hankes, des membres des Proud Boys sont régulièrement apparus en compagnie d’autres groupes classés par le SPLC comme des groups haineux, notamment lors du rasseblement Unite the Right à Charlottesville, où un nationaliste blanc avait renversé une contre-manifestante avec sa voiture.

“Bien que les Proud Boys ont toujours prôné la violence, et dédient même l’accession au quatrième degré à des membres qui se sont battus avec des militants antifascistes, au cours des derniers mois, ils ont été notablement plus enclins à s’engager dans des combats de rue avec des contre-manifestants.

Quand McIness défend les Proud Boys [contre des accusations de racisme], alors qu’il y a de très nombreuses preuves de membres exprimant des opinions racistes et xénophobes, ou participant à des évènements organisés par des groupes haineux, il a comme stratégie de lier tout extrémisme à du nazisme. Il argumente, en somme, que comme les Proud Boys ne sont pas des nazis, ils ne sont donc pas racistes et xénophobes".

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