Le latex autolubrifiant pourrait stimuler l'utilisation du préservatif

Publié le par Alexandra Bresson

Les scientifiques de l'université de Boston ont créé un préservatif autolubrifiant qui, espèrent-ils, encouragera davantage l'utilisation de ce moyen de contraception qui peut se trouver délaissé par certains utilisateurs en raison de l'inconfort et d'un manque de lubrification adéquate.

 

Le préservatif est la seule méthode contraceptive dont il est prouvé qu’elle réduit le risque de toute infection sexuellement transmissible, y compris l’infection à VIH. Malgré ce fait connu, certains obstacles à une utilisation massive et efficace persistent, notamment des réticences personnelles. En effet, certains utilisateurs craignent que les préservatifs amoindrissent la sensibilité, provoquent un inconfort ou une gêne lors de rapports sexuels ou encore parce qu'ils ont vécu une expérience déplaisante dans ce domaine. Pour veiller à ce que les hommes et les femmes du monde entier les utilisent systématiquement, des chercheurs de l'université de Boston ont créé un matériau d'un nouveau genre.

Ces derniers ont en effet eu l'idée de concevoir un latex auto-lubrifiant utilisé avec les matières premières pour fabriquer les préservatifs, donnant ainsi une « sensation glissante » en présence de fluides corporels naturels. Et contrairement aux lubrifiants à base d’eau ou d’huile disponibles dans le commerce que les utilisateurs achètent avec les préservatifs, ce « latex hydrophile » conserve cette sensation presque indéfiniment. « 73% des participants ont exprimé leur préférence pour un préservatif contenant ce revêtement lubrifiant, convenant qu'un préservatif « glissant » par nature qui le resterait pendant une longue période augmenterait leur utilisation », expliquent les chercheurs.

Plus efficace que l'utilisation de lubrifiants

Selon eux, un tel revêtement pourrait être une stratégie efficace pour réduire la douleur liée au frottement aussi bien pour les femmes que les hommes et ainsi accroître la satisfaction des utilisateurs. Car sans lubrifiants, les préservatifs en latex ou polyuréthane ont une lubrification qui aura tendance à « s'user » lors d'un rapport prolongé, tandis que les lubrifiants qui peuvent être ajoutés perdent leurs propriétés sur la durée. « La gêne occasionnée lors des rapports sexuels et la diminution du plaisir, notées par 77% des hommes et 40% des femmes dans une enquête nationale menée aux États-Unis, sont souvent citées comme des raisons de ne pas utiliser de préservatif », ajoutent les chercheurs.

Ces derniers estiment que ce problème peut se résoudre simplement en ajoutant un « enrobage » fait d'un polymère constitué de molécules activées par l’humidité qui piègent les liquides au lieu de les repousser, comme c'est le cas pour le latex. Ce matériau a l'avantage de ne pas affecter l'efficacité du latex tout en conférant un faible frottement même en cas de rapport sexuel prolongé. Lors des tests de contact, les volontaires ont exprimé une nette préférence pour ces préservatifs «intrinsèquement glissants». Mais étant donné que le matériau n'a pas encore été approuvé par la Food and Drug Administration (l'Agence américaine de santé et du médicament), ce nouveau préservatif n'a pas encore été testé pendant les rapports sexuels.

Le préservatif du futur ?

 "Mais plus de 90% des volontaires ont déclaré qu’ils envisageraient d’utiliser ces préservatifs et plus de la moitié ont déclaré qu’ils utiliseraient probablement des préservatifs plus fréquemment si ce type de préservatifs était disponible sur le marché », concluent les chercheurs. Selon le quotidien Boston Globe qui relaie cette découverte, leur projet a été financé par une subvention de 100 000 dollars de la part de la Fondation Bill et Melinda Gates. Il y a plusieurs années, ces derniers ont en effet lancé un appel à projet pour « développer la nouvelle génération de préservatifs » : de nouveaux modèles préservant ou augmentant de manière significative le plaisir ou plus faciles à utiliser.

Les projets choisis parmi toutes les propositions comprennent notamment la conception d'un préservatif masculin en matériau composite offrant un ajustement universel et conçu pour se serrer doucement pendant les rapports sexuels, permettant ainsi d'améliorer la sensation et la fiabilité ou encore un applicateur de préservatif, le Rapidom, conçu pour une application facile et d'un seul mouvement, minimisant ainsi les interruptions pendant les rapports. Pour les chercheurs de l'université de Boston, la prochaine étape consiste en une étude de marché et notamment à des tests cliniques sur des couples en 2019, dans l’espoir de commercialiser leur modèle dans les deux ans à venir.