#PasdeVague : les témoignages glaçants de profs confrontés aux violences dans les établissements
C'est une vidéo qui a choqué les Français ce week-end. Cet élève d'un lycée professionnel de Créteil qui menace d'une arme factice une enseignante pour qu'elle le note "présent" en cours. "Scandalisé" par ces images, le ministre de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer promet ce lundi de "rétablir l'ordre" dans les établissements en instaurant des mesures en profondeur.
Il a d'ores et déjà annoncé la tenue d'un comité stratégique avec le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, sur la question des violences en milieu scolaire. Après l'interdiction du portable au collège, le ministre encourage aussi son interdiction dans les lycées, dans un entretien au Parisien. "Notre loi ouvre la possibilité aux lycées d'interdire le portable. Cela n'était pas possible avant. J'encourage ainsi vivement les lycées qui sont confrontés à des faits anormaux à user de ce nouveau droit."
"Quel triste aveu d’impuissance (...) que d’annoncer pour toutes actions l'interdiction du téléphone portable dans les lycées", a réagi la FCPE (fédération de parents d'élèves), regrettant "qu’aucune question ne soit posée sur la responsabilité de l’institution scolaire".
Des témoignages qui révèlent un malaise profond
Mais ces derniers jours, de nombreux enseignants se plaignent sur les réseaux sociaux du manque de soutien de leur hiérarchie en cas de conflits et de violences avec certains élèves. Des centaines de professeurs ont réagi sur Twitter en partageant leur expérience sous le hashtag #pasdevague, certains ironisant sur la mesure proposée par le ministre de l'Education dans la foulée de l'incident.
Des témoignages préoccupants qui révèlent un malaise profond au sein de l'institution scolaire et des tensions entre enseignants et certains chefs d'établissements (surnommés CDE).
On m'a crache dessus et on m'a menacé de me "castagner A la sortie". Punition : aucune. Je porte plainte. CDE: "bon j'ai posé 3 jours d'exclusion, mais vous êtes dans le répressif, pas dans l'éducatif..." #pasdevague
— profdevieuxmots (@TeamLatinBlanqu) 21 octobre 2018
Un élève de 4ème "légèrement" misogyne à une surveillante : "Toi, tu suces ma bite". Aucune exclusion prononcée, pas de conseil de discipline malgré demande de l'équipe enseignante. #PasDeVague
— Prof ⎛⎝Anarazel⎠⎞ (@lphaweb) 21 octobre 2018
J'aurais aimé être soutenue lorsqu'une élève, il y a qqs années, m'a tapé dessus dans un couloir de mon établissement. Mais le conseil de discipline ne l'a pas même exclue. Et on m'a expliqué qu'il fallait prendre les choses moins à coeur. Voilà la réalité du terrain.#pasdevague https://t.co/ePEEDarko1
— Maelita (@maelialc) 21 octobre 2018
Trop peu de conseils de discipline ?
"J’indique notamment aux chefs d’établissement que des conseils de discipline doivent avoir lieu dès que nécessaire, affirme Jean-Michel Blanquer, visiblement conscient du problème. Trop longtemps, on a considéré que leur nombre était le reflet de la qualité de l’établissement, au risque de mettre des événements sous le tapis. Je le redis, il n’y a pas de « petits » ou de « non faits»".
De nombreux enseignants déplorent, en effet, sur les réseaux sociaux le manque de soutien de leur hiérarchie, malgré des comportements inacceptables de certains élèves. Beaucoup évoquent même une "omerta" dans le milieu scolaire.
Ma collègue insultée de "sale pute" par un élève et qui demande une sanction auprès du principal, réponse de ce dernier : "Oh ! Vous êtes susceptible aussi !" #PasDeVague
— Nico (@nicornichette) 21 octobre 2018
Tant que les chefs d'établissement recevront leur prime en fonction du nombre de conseils de discipline qu'ils "réussissent" à éviter, on continuera le #PasDeVague !
— CNFA (@CNFA03) 21 octobre 2018
"On n'est pas dans la logique du 'pas de vague'", s'est toutefois défendu le ministre de l'Education sur Franceinfo ce lundi matin. "Les enseignants doivent signaler les faits, ils auront le soutien de l'institution", a-t-il promis.
Sur la vidéo relayée sur les réseaux sociaux, la professeure apparaît plus lasse que paniquée. Mais elle était en réalité "surprise et très choquée", a expliqué lundi son avocate; elle ne savait pas que l'arme était factice et a essayé de "réagir le plus intelligemment possible", a ajouté Me Hajer Nemri.
"La formation des enseignants a énormément régressé au cours des dernières années", juge aussi Agnès Renaud, professeure de lettres au lycée Paul-Eluard à Saint-Denis. Or les jeunes profs sont "jetés dans le bain" des collèges difficiles. Ensuite, "ça passe ou ça casse".
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