Dans le cadre d’une étude réalisée en Éthiopie, des chercheurs américains ont constaté que les loups et les singes géladas cohabitaient de manière pacifique. Il s’agit pour certains d’une collaboration inter-espèces étonnante qui n’est pas sans rappeler les prémices de la domestication du chien par l’Homme. Explications.

 

Quand loups et primates cohabitent pacifiquement

Semblables à des babouins, les singes géladas, qui vivent au sein de vastes communautés pouvant rassembler plusieurs centaines de primates sur les hauts plateaux d’Érythrée et d’Éthiopie, se nourrissent principalement d’herbe et peuvent passer des heures à arpenter les prairies à la recherche de nourriture. C’est en observant leurs déambulations que des chercheurs de Darthmouth College, aux États-Unis, ont eu l’occasion d’assister à la manifestation de leur cohabitation singulière avec les loups éthiopiens. Ceux-ci ont en effet constaté que les canidés évoluaient pacifiquement au sein des groupes de primates, en veillant à ne pas les effrayer.

Pendant près de trois semaines, les chercheurs ont suivi une meute de loups éthiopiens et ont estimé qu’ils ne voyaient pas les primates comme une source de nourriture, mais plutôt comme un moyen de chasser plus efficacement les rongeurs. En effet, selon les résultats de l’étude, leurs tentatives réussissaient dans 67 % des cas lorsqu’ils rôdaient à proximité de groupe de géladas, et ce chiffre tombait à 25 % lorsque les loups évoluaient seuls.

 

« Une stratégie adaptative destinée à augmenter les chances de succès de la recherche de nourriture »

Parmi les pistes pouvant expliquer cette cohabitation inter-espèces, les scientifiques évoquent notamment la possibilité que les broutements insistants des primates aient tendance à faire sortir les rongeurs de leurs terriers, ou fournissent un leurre aux canidés en distrayant leur attention. Comme le précise l’étude : « Pour les loups éthiopiens, établir une proximité avec les géladas pourrait constituer une stratégie adaptative destinée à augmenter les chances de succès de la recherche de nourriture. Cette nouvelle dynamique nous éclaire sur les circonstances écologiques qui contribuent à la stabilité de groupes mixtes de prédateurs et de proies potentielles ».

Lorsqu’il arrivait qu’un loup s’en prenne à un jeune gélada, il était systématiquement attaqué par les autres primates et définitivement banni du groupe. Un risque dont la plupart des autres canidés semblaient avoir conscience, puisqu’ils préféraient garder leurs distances et profiter de la présence des singes pour optimiser leurs parties de chasse. Plus étonnant encore, cette tolérance inter-espèces ne serait pas sans rappeler les prémices de la domestication du chien survenue il y a des millénaires, qui aurait aidé les humains à chasser plus efficacement leurs proies.

© Youtube
S’abonner
Notifier de
guest

0 Commentaires
Inline Feedbacks
View all comments