A l'issue d'une réunion organisée lundi 24 mars avec une centaine de militants socialistes de Béziers, le candidat du parti Jean-Michel du Plaa, arrivé troisième dimanche au premier tour, a laissé clairement entendre qu'il maintiendrait sa candidature au second tour. Et ce malgré le risque de voir Robert Ménard, soutenu par le FN, l'emporter dimanche prochain dans cette ville de 70 000 habitants.
L'ancien président de Reporters sans frontières a en effet obtenu dimanche près de 45 % des voix, et seule une alliance PS-UMP est arithmétiquement en mesure de lui barrer la route. « Je ne crois pas que nos électeurs actuels nous suivraient si nous apportions notre soutien à l'UMP. Nos électeurs nous reprochent encore aujourd'hui notre choix en 2002. Si on fait ça, on offre un boulevard au Front national. Un certain nombre de cadres du FN diront que l'UMPS en danger cherche à sauver sa place. Ça ne marchera pas », a déclaré M. Du Plaa.
Il doit officialiser sa décision mardi matin, mais tout indique donc qu'il devrait se contenter de fusionner avec la liste du Front de gauche, arrivée quatrième avec 6,7 % des voix. Lors de cette réunion, une dizaine de militants socialistes ont en effet pris la parole pour s'opposer unanimement aux deux hypothèses de front républicain sur la table : un simple désistement pour appeler à voter Elie Aboud, candidat UMP, ou une fusion avec cette liste.
« Ménard et Aboud, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. Nous avons eu un défilé aujourd'hui de personnes à la permanence qui nous ont dit qu'il fallait qu'on se maintienne au second tour, c'est la seule solution », a expliqué une militante, sous les applaudissements. « Ménard n'a aucune expérience, son équipe est un ramassis de revanchards. Si on n'est pas au conseil municipal, on ne pourra pas faire valoir notre expertise », a renchéri un autre. « A Béziers, on est devant une droite dure avec qui l'alliance est impossible », a défendu un autre.
Elie Aboud est issu de la Droite populaire, située à droite de l'UMP. « Bien sûr Robert Ménard est assuré de l'emporter, mais si on fusionne nos électeurs ne nous suivront pas », a déclaré un autre militant socialiste.
DÉCEPTION À L'UMP
Lundi, lors de discrètes tractations, le candidat UMP, qui a obtenu 30,2 % des voix, a pourtant proposé à son homologue socialiste de faire une liste commune pour tenter de faire barrage au FN. Il a notamment évoqué l'idée d'un arrangement pour gérer l'agglomération.
Certains cadres socialistes se sont montrés séduits par une telle proposition. « Si on ne veut pas laisser passer le FN, il ne reste qu'une possibilité, c'est la fusion républicaine », avait notamment défendu Christian Bourquin, le président socialiste du conseil régional du Languedoc-Roussillon. « Il faut l'expliquer pour ne pas donner des balles au FN, mais le système à changé avec cette élection », avait plaidé l'élu.
Mais M. Du Plaa a visiblement estimé qu'une telle hypothèse n'était pas acceptable par sa base. « Je ne vais pas faire une liste commune avec l'UMP avec les seules quatre personnes qui accepteraient de me suivre », a-t-il lâché lundi soir. La déception est perceptible à l'UMP, où on avait même proposé d'écarter de la liste Raymond Couderc, le contesté maire sortant. « On ne peut pas me reprocher de n'avoir pas tendu la main. Ce qui compte pour moi, c'est d'empêcher le FN de gagner à Béziers. Je suis visiblement le seul à penser ça, je mènerai donc le combat seul contre le FN », estime M. Aboud.
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