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Rejet du budget italien: un eurodéputé de la Ligue s'essuie (littéralement) les pieds sur Pierre Moscovici
Angelo Ciocca s'est déchaussé pour écraser sa semelle sur les notes de Pierre Moscovici au Parlement européen.
Capture d'écran.

Rejet du budget italien: un eurodéputé de la Ligue s'essuie (littéralement) les pieds sur Pierre Moscovici

"Diktat"

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Pour protester contre le rejet du budget italien par la Commission européenne, un eurodéputé de la Ligue a essuyé mardi 23 octobre sa chaussure sur les notes du commissaire européen Pierre Moscovici. Une façon de dénoncer le "diktat" de Bruxelles sur la politique économique italienne.

Botte secrète. Ce 23 octobre, Angelo Ciocca a – presque au sens littéral - piétiné la Commission européenne. Sans égaler le lancer de chaussures au visage de George Bush junior, la mise en scène de l’eurodéputé de la Ligue, conçue pour protester contre le rejet par la Commission européenne du budget italien, n’en était pas moins soignée. Alors que le socialiste français finissait son intervention à Strasbourg, Angelo Ciocca s’est ainsi glissé à la tribune, s’emparant des notes d’un ‘Mosco’ incrédule, puis, se déchaussant, a essuyé sa semelle contre la liasse, sobrement qualifiée de "merde".

Angelo Ciocca a commenté son geste sur Twitter. "À Strasbourg, j'ai marché sur la montagne de mensonges que Moscovici a écrite contre notre pays ! L'Italie mérite le respect", a-t-il expliqué, précisant que le soulier était ‘Made in Italy’.

"Je croyais qu’il s’agissait d’un agent du Parlement, qui récupérait mes notes, a expliqué Pierre Moscovici, lui aussi sur Twitter. Non, c’était un député ! Ceux qui écrasent des textes et des décisions à coup de chaussure ne respectent ni les règles, ni les institutions, ni la démocratie. Ils ne respectent même pas leur fonction", s’est indigné le commissaire européen aux Affaires économiques et financières, à la Fiscalité et à l'Union douanière.

"Fasciste"

Invité d'Europe 1 ce 24 octobre, celui qui incarne le "diktat" austéritaire de l’Union européenne aux yeux des souverainistes italiens convoque les fantômes mussoliniens, qualifiant son adversaire de "fasciste". "On voit là le germe d'une violence symbolique inadmissible", s’émeut-il. Le Parlement européen, soucieux de ne pas offrir une tribune plus vaste à ses adversaires, hésite pour l’heure sur les suites à donner à l’incident.

Alors que le précédent gouvernement italien de centre gauche avait promis un déficit public de 0,8% du PIB en 2019, la coalition populiste au pouvoir en Italie prévoit désormais d'atteindre 2,4% l'an prochain. Quant à la dette publique, actuellement à quelque 131% du PIB - le ratio le plus élevé de la zone euro après la Grèce - Rome a promis de la ramener à 126,5% en 2021.Tout cela lui a valu un rejet du budget par la Commission européenne, ce qui a provoqué l’ire du ministre de l’Intérieur italien, Matteo Salvini. Voulant rejouer le bras de fer entre l’UE et la Grèce, ce dernier a ainsi déclaré: "Ils ne sont pas en train de s'attaquer à un gouvernement mais à un peuple." La Ligue, dans ce duel, semble bien décidée à se servir de l’UE comme paillasson.

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Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne