Osny : les détenus de la maison d’arrêt boxent à coups de compliments

La championne du monde de boxe Gaëlle Amand les a initiés à la pratique, tandis que l’association La Ruche leur donnait le goût de l’éloge, une pratique très inhabituelle pour eux.

 Osny, mardi. La championne du monde Gaëlle Amand (à gauche) était venue donner des cours aux détenus de la maison d’arrêt. Elle se dit partante pour réitérer l’opération l’an prochain.
Osny, mardi. La championne du monde Gaëlle Amand (à gauche) était venue donner des cours aux détenus de la maison d’arrêt. Elle se dit partante pour réitérer l’opération l’an prochain. LP/Julie Ménard

    Le sourire jusqu'aux oreilles, les détenus descendent du ring gonflable avec un mot à la bouche : « la fierté de l'avoir fait ». Au cours des trois matchs - nuls - de boxe qui se sont déroulés mardi à la maison d'arrêt du Val-d'Oise (Mavo), à Osny, aucun n'a été mis KO. Mais tous ont vécu un beau moment. « Ça m'apporte du positif. Je suis impulsif et ça m'apprend à me maîtriser », souffle l'un d'entre eux.

    Avant chaque combat, les boxeurs se sont prêtés à un jeu plus insolite : un battle de compliments. Un exercice difficile, à tel point que certains ont jeté l'éponge en cours de route. « On n'est pas habitué à se dire des choses gentilles dehors, alors en prison c'est pire », explique un détenu. Pendant cinq semaines, ce groupe de volontaires a été coaché par la championne du monde de boxe Gaëlle Amand et par Hugo Ayala, de l'association La Ruche.

    Un sport canalisateur

    « J'avais déjà travaillé avec des détenus de la prison de Poissy (Yvelines) et j'appréhendais un petit peu en tant que femme, se souvient Gaëlle Amand. Au final ils prennent du plaisir et moi aussi. » Unanimement, les boxeurs en herbe reconnaissent les bienfaits canalisateurs de ce sport. « Pour nous, la boxe est un exutoire, souligne un participant. Ça nous permet d'échapper à la réalité de la prison. »

    Ils ont aussi pris le micro lors des battles de compliments./LP/Julie Ménard
    Ils ont aussi pris le micro lors des battles de compliments./LP/Julie Ménard LP/Julie Ménard

    Pour la partie compliments, Hugo Ayala a dû faire preuve de patience. « Au début, ils avaient tendance à se disperser car ils ont plutôt la culture de la vanne », raconte-t-il. Finalement, les détenus se sont laissés aller à un franc-parler touchant. « Toi, tu as le cœur sur la main. Moi, peur que tu le brises entre tes poings », a-t-on pu entendre lors d'un battle. « Une fois dehors envisage vite une vie bien », a conseillé un autre à son codétenu.

    Un projet à reconduire l'an prochain ?

    Face à eux, environ 70 personnes ont fait le déplacement pour assister à la restitution de ces semaines de travail. Des voisins de cellule, des partenaires de la Mavo, mais aussi des membres de l'équipe encadrante et de la direction. De quoi favoriser le vivre ensemble. « Ça nous a rapprochés car on ne se connaissait pas forcément », précise un boxeur.

    A la fin de leur spectacle, les détenus ont pris le temps de remercier toutes les personnes qui ont animé et autorisé ces ateliers, y compris le major qui les a quotidiennement à l'œil. Tous espèrent pouvoir participer de nouveau à un tel projet l'an prochain. Gaëlle Amand et Hugo Ayala se disent, eux, « carrément partants ».