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Santé

Des traitements douteux ou dangereux financés par des campagnes participatives

Des médecins américains alertent sur les millions de dollars récoltés dans des campagnes de financement participatif en ligne pour des traitements alternatifs contre le cancer, dont l'efficacité n'est pas prouvée.

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L'Italie est devenu le premier pays producteur de médicaments de l'Union européenne.

Les campagnes avaient comme objectifs des sommes allant de quelques centaines de dollars à plus de 400.000 dollars, bien que peu les aient atteints.

CC0 Creative Commons

Des malades lèvent des dizaines de millions de dollars dans des campagnes de financement participatif en ligne aux Etats-Unis et au Canada pour payer des traitements sans efficacité prouvée contre le cancer ou d'autres maladies, ont calculé des médecins américains qui sonnent l'alarme mardi 23 octobre 2018. "L'argent est, au mieux, jeté par la fenêtre, et au pire, nocif", écrivent les chercheurs dans un blog développant leur étude publiée dans la revue de l'Association médicale américaine, JAMA.

Des milliers de dollars pour des traitements homéopathiques contre le cancer

Ils ont calculé que près de 7 millions de dollars avaient été levés par des personnes entre 2015 et 2017 dans un millier de campagnes sur quatre grands sites, dont le plus connu, GoFundMe, pour cinq traitements alternatifs. Les campagnes avaient comme objectifs des sommes allant de quelques centaines de dollars à plus de 400.000 dollars, bien que peu les aient atteints. Les auteurs se sont intéressés à l'homéopathie ou la naturopathie contre le cancer, la médecine hyperbare (caissons oxygénés) contre les traumatismes cérébraux, l'injection de cellules souches dans la moelle épinière ou le cerveau contre des traumatismes nerveux, et un régime de long terme d'antibiotiques contre la "maladie de Lyme chronique", une affection dont la réalité est contestée par les autorités de santé.

La majorité des campagnes en ligne portaient sur l'homéopathie ou la naturopathie contre le cancer, des remèdes qui horrifient les cancérologues. "Vous mourrez probablement", dit à l'AFP un coauteur de l'étude, Ford Vox, médecin à l'hôpital Shepherd Center à Atlanta. Les patients qui choisissent ces pratiques ont cinq fois plus de risque de mourir que ceux qui optent pour les traitements reconnus comme la chimiothérapie ou la radiothérapie, a conclu une étude en 2017 dans le Journal of the National Cancer Institute.

La pratique d'injecter des cellules souches dans la moelle épinière ou d'autres parties du système nerveux n'est pas fantaisiste : elle fait l'objet d'essais cliniques. Mais ces essais sont gratuits pour le patient et contrôlés strictement par les autorités de santé. "C'est très inquiétant de voir des gens lever de l'argent pour un traitement expérimental aux cellules souches", poursuit Ford Vox. Quant aux cliniques, "elles jouent vraiment avec le feu". L'intervention est risquée, de l'accident vasculaire cérébral à l'infection, sans compter les douleurs. Les médecins recrutant ce type de patients se trouvent tant aux Etats-Unis qu'à l'étranger, en Allemagne ou au Mexique, écrivent les chercheurs. Internet facilite et accélère ces mises en relation, craignent les auteurs de l'étude. "Les gens peuvent lire un truc en ligne et s'enthousiasmer très vite, sans en parler à leur médecin, et immédiatement créer une campagne pour lever des fonds".

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