"Porteuse du gène BRCA2, j'ai choisi de me faire enlever les deux seins"

Par Sandrine Chesnel
Mastectomie préventive cancer sein
Alors qu’elle est en pleine santé, Laetitia Mendes, atteinte d'une mutation génétique qui augmente les risques de cancer du sein, choisit de subir une double mastectomie préventive. Une opération qui consiste à se faire enlever les deux seins. Témoignage.

À 26 ans, et alors qu'elle est en bonne santé, Laetitia Mendes choisit de subir une double mastectomie préventive, une opération qui consiste à se faire enlever les deux seins. C’est parce qu’elle se savait porteuse d’une mutation génétique qui augmente considérablement le risque de développer un cancer du sein que la jeune femme a pris cette décision douloureuse et radicale. 

Elle nous raconte son histoire.

Crédit photo : Krystel Marques

Quand vous avez décidé de subir une mastectomie, comment avez-vous pris cette décision ?

Quand j’ai appris que j’étais porteuse du gène BRCA2, tout comme ma sœur, ma mère était déjà atteinte d’un cancer du sein. J’ai rapidement eu une vision très claire de ce qui m’attendait. C’était soit la mastectomie, soit me soumettre à un suivi très lourd : mammographie et échographie tous les 6 mois. Plus les IRM, sans garantie qu’un cancer très agressif ne se développe pas entre deux examens, comme c’est arrivé pour ma maman.

Votre oncogénéticienne a plutôt mal réagi quand vous avez évoqué votre volonté de subir une mastectomie, comment l’expliquez-vous ?

Elle l’a effectivement mal pris, elle m’a dit que je ne savais pas au devant de quoi j’allais… J’avais l’impression d’être une pestiférée ! Beaucoup de médecins sont réticents parce qu’ils ne conçoivent pas d’enlever des tissus sains. Mais après la naissance de ma fille, puis le décès de ma maman, emportée par le cancer, ma décision était ferme. J’ai donc rencontré plusieurs chirurgiens avant de trouver le bon, le “Dr Sauveur” comme je le surnomme, qui a compris ma demande et m’a apporté l’appui dont j’avais besoin. Après l’ablation, il y a eu la reconstruction, qui n’a pas été simple.

Comment se remet-on d’une telle épreuve ?

Vidéo du jour

C’est difficile. Ça reste un deuil, un sacrifice, une atteinte à la féminité. Mais après l’opération j’ai eu “un sursaut de vie”, j’avais besoin de transformer tout ça en force positive. J’ai créé mon entreprise de relooking, et sur une idée de ma soeur, inspirée par la révélation d’Angelina Jolie de sa propre mastectomie, je me suis lancée dans l’écriture de mon livre. Mon petit gène, ma seconde chance (sorti en 2014). Écrire m’a beaucoup apporté, je l’ai fait aussi pour ma fille, pour qu’elle comprenne ce qui fait partie de sa propre histoire. Parce qu’elle aussi, un jour, devra faire cette prise de sang qui permettra de savoir si elle est porteuse du BRCA. 

Vous avez lancé votre association, Généticancer. Pourquoi ?

Avec Généticancer, j’ai plusieurs objectifs : informer le grand public, mais aussi créer un réseau de marraines, des femmes qui sont “passées par là”, pour soutenir celles qui sont confrontées à la même expérience. J’ai également réuni un comité scientifique, composé de professionnels de la santé dont le Professeur Dominique Stoppa Lyonnet, oncogénéticien.

Tout le contenu du site de l’association a été validé par cette équipe, qui a également participé à la réalisation d’un test en ligne, pour déterminer en quelques minutes si une consultation et/ou un dépistage génétique sont recommandés. J’ai mené cette aventure sur mes fonds propres, et avec 6000 euros obtenus par crowdfuning, tout en gardant mon activité professionnelle.

Plus d'informations sur www.geneticancer.org.

[Dossier] Octobre Rose : tous unis contre le cancer du sein avec l'association Ruban Rose - 53 articles à consulter

La Newsletter Égo

Bien-être, santé, sexualité... votre rendez-vous pour rester en forme.